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mai 4, 2023Liké par Florence

Je trouve que c’est vraiment un questionnement intéressant. Je pense qu’on expérimente un peu toustes ça au fil de nos vies, car en évoluant, en grandissant, on change de communauté. Personnellement, je parle souvent de notre « jus ». Alors, ce n’est pas du tout à la même échelle parce que je ne suis pas immigrée, je ne suis pas tiraillée entre plusieurs pays et plusieurs cultures radicalement différentes, mais à mon sens, le communautarisme c’est ça, c’est la communauté, c’est l’ensemble de gens avec lesquels tu as des références culturelles communes. Je sais que je ne baigne pas dans le même jus quand je suis avec mes proches d’enfance et quand je suis avec mes proches d’aujourd’hui ; quand je suis dans ma région d’origine et quand je suis dans ma région actuelle. Ce sont tous ces « jus » qui font qui je suis, et je trouve qu’avoir la sensation d’appartenir à plusieurs communautés est vraiment enrichissante.

Géographiquement, je ne suis pas capable de me dire « je suis d’ici et pas de là » : je suis haut-alpine, mais aussi de me région d’origine que j’appelle toujours « chez moi ».

Aujourd’hui, avec internet qui est si répandu en plus, je pense que la majorité d’entre nous ont plusieurs communautés, même si ces communautés sont à petite échelle, dans une plus grande. Je vois vraiment ça en poupées russes, avec plusieurs familles de poupées russes.

Je crois que le communautarisme c’est bien ; on est des êtres sociaux, forcément qu’on a envie de se sentir appartenir à une communauté. Mais je trouve que c’est aussi bien de se sentir appartenir à plusieurs, et de parfois se retrouver dans des lieux ou des cercles auxquels on ne se sent pas appartenir du tout. J’aime sortir de mon jus (à petite dose), parce que ça m’ouvre systématiquement les yeux sur une perception du monde que je n’avais pas. Et le communautarisme blanc mâle et colonial aurait VRAIMENT besoin de sortir de son jus, il n'y a aucun doute à ce sujet !

En bref, le communautarisme, c’est bien et c’est essentiel, et je trouverais ça chouette qu’au lieu de décrier certaines communautés, de vouloir les briser et les intégrer (argh), il soit perçu comme normal de vouloir apprendre à les connaître, à les fréquenter sans jamais y appartenir ni les influencer volontairement. Et avoir le cul entre deux chaises, c’est bancal, mais c’est aussi faire partie d’une communauté, je crois, qui est très très très vaste !

Pardon pour le pavé un peu décousu, et merci pour tes réflexions :)

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C'est rigolo, j'ai souvent eu ce genre de questionnement quand j'étais plus jeune (le questionnement que tu évoques en fin de texte) étant française mais pas tout à fait (mais en fait si quand même) née en France de parents allemands. Et je pense que ça fait surtout un peu drôle à mes parents d'avoir des filles françaises, même si eux ont un peu laissé derrière eux leur "germanisme" (par choix, et je dois bien dire - vu qu'on est entre nous - par honte d'appartenir à un peuple qui a perpétré des atrocités, ils en parlent peu, mais je sais qu'ils rejettent un peu leur nationalité pour ça).

Je me sens pleinement française, mais avec cette pointe de nostalgie et d'attachement pour mon éducation un peu bilingue et biculturelle (j'ai pas été à la maternelle et parlais plus allemand que français petite, je crois). Alors si on y ajoute mon attachement à la culture britannique qui me vient de je ne sais où en réalité (qui s'est aussi heurté à la réalité quand j'ai vécu à Nottingham !) on peut dire que parfois ça se mélange un peu dans mon esprit côté "appartenance" !

En tout cas ça donne du grain à moudre ton texte :)

Bon retour à Montréal et encore ravie d'avoir pu partager un bout de journée avec toi lors de ton séjour ici ❤️

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Merci pour ce partage, je m'y suis reconnu à certains moments. Je suis né et j'ai grandi au Nouveau-Brunswick (Canada) avant de partir étudier à Montréal. Si tôt mon diplôme en main, mon chum (aujourd'hui mari) et moi sommes parti vivre à Seattle dans l'Ouest américain quelques années. J'en garde de beaux souvenirs. Depuis 15 ans, j'habite dans la région de la ville de Québec. Aujourd'hui je suis impatiente de quitter la ville pour la campagne, la région de Charlevoix m'appelle. Mais les enfants doivent d'abord terminer leur scolarité. Je pense que c'est une richesse que de vivre dans différents lieux qui nous transforment tous à leur façon. La maison pour moi est l'endroit où je me sent bien, c'est mon coeur qui dicte celle-ci et non ma tête. En ce qui concerne l'appellation ou ma citoyenneté, j'y accorde peu d'importance. En voyage, je me présente en tant que Canadienne. Merci pour ces belles réflexions!

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J'ai vécu ça de manière temporaire en partant 12 mois en Allemagne, et personnellement je trouvais ça reposant. Comme si l'anxiété des infos en France ne m'atteignait pas autant. Ceci dit, je pense que tant que femme noire en France (et aussi de campagnarde de parents qui ne venaient pas du coin), l'idée de pas être considérée "d'ici" m'est tellement familière que je l'ai pas plus ressentie à l'étranger, ou alors j'en ai ressenti que le positif : la curiosité, l'indulgence sur la différence, etc.

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Le sujet m’intéresse forcément ! Ça me fait penser à un bout de spectacle de Paul Taylor que j’ai vu sur IG. Il se posait cette question : qu’est-ce qui fait qu’on donne une réponse particulière quand on nous demande d’où l’on vient. Pour lui c’est l’accent qu’on a quand on parle sa langue maternelle. Ça m’interpelle d’ailleurs vu que j’ai zéro accent marseillais et que personne ne me crois quand je dis que je viens de Marseille 😅

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C'est très intéressant comme sujet parce que, comme tu le dis si bien, ça s'applique (à plus petite échelle, certes) au fait de changer de région par exemple.

J'ai beaucoup changé d'endroits toute ma vie, toi-même tu sais. Et ma famille vient de plusieurs pays différents... Pour celleux qui y vivent, je ne suis pas d'ici. Et pour les autres, je ne viens pas de là-bas non plus. Et là-haut ? Toujours non.

Comme je suis blanche, forcément, ça ne me pose pas de gros problèmes dans la vie.

J'ai bien eu des moqueries concernant mon accent (quand je parle français) et des expressions que mes camarades ne connaissaient pas. Et j'ai subi du harcèlement scolaire (mes origines + mon nom de famille + bien sûr d'autres choses) et même si, encore aujourd'hui, j'ai le droit à des réflexions : je ne subis pas de discrimination(s).

Alors, je me dis, que je viens de là où je me sens bien. Un peu de nulle part et de partout à la fois.

Du coup, je ne connais pas le communautarisme... 😅

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supprimémai 4, 2023·modifié mai 4, 2023Liké par Florence
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