29 Commentaires
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Avatar de Pluenn par Ocilia Rémot

Ta réflexion fait écho à celle que j’ai depuis plus d’un an. J’ai fait un burn out en septembre 2023 et ai passé 11 mois en arrêt de travail. Pendant ce temps, j’ai été traité d’une manière inhumaine par mon entreprise, la cpam aussi, tandis que mon médecin généraliste, ma psy, me répétaient sans cesse que je devais me reposer et que je n’étais pas prête à reprendre, que ça prenait du temps et que c’était pas de ma faute.

Aujourd’hui je repense ma vie. J’ai quitté mon entreprise et ma carrière dans le marketing, je me reconvertis dans l’écriture. Je fais les plans pour revendre notre appartement et trouver un logement qui va correspondre à mes futurs revenus d’indépendante. J’ai accepté l’idée de gagner moins et d’adapter ma vie en fonction, parce que j’ai compris que j’y gagnerai aussi en temps libre et en bonheur.

Les gens qui érigent le travail en valeur centrale me hérissent le poil. Les gens qui considèrent qu’avoir fait des études justifie le fait qu’ils gagnent 6000 euros par mois alors que d’autres sont exploités au smic aussi. La classification des gens en fonction de leur poste, pareil. Bref, j’ai rejeté la méritocratie et la valeur travail en bloc. J’essaie aujourd’hui de concilier cette envie d’une vie douce avec les besoins financiers nécessaires à la vie tout court, et c’est compliqué dans ce monde.

Je nous souhaite de tous nous réveiller et comprendre que la façon dont on se tue au travail est inhumaine…

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Avatar de Florence

Merci beaucoup pour ton regard sur ce sujet ! Je suis désolée pour toi que tu aies dû traverser une période si compliquée et qu'elle ait été rendue plus compliquée encore par le manque d'accompagnement autour. Heureusement que tu avais au moins ton médecin et ta psy pour valider ta souffrance, ce n'est souvent vraiment pas évident d'admettre qu'on a atteint nos limites et la validation du corps médical aide au moins à ça à défaut de le faire nous-mêmes.

Je ne comprends pas non plus comment est-ce que l'on peut à ce point se laisser croire que le travail est aussi important que ça, rien n'a vraiment de sens et je suis tellement en colère de lire encore si souvent des personnes défendre l'existence de la méritocratie. Souvent ce sont des personnes aux profils similaires, qui ont traversé peut-être un vague creux dans leur vie sans jamais prendre en compte leur background social et culturel autour.

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Avatar de meuf normale

Mais tellement merci Florence de te livrer sur le sujet. Je m'y retrouve beaucoup, et passe pour une alien auprès d'une grande partie de mon entourage quand je dis qu'il faut faire attention à ce que le travail ne nous tue pas, que le temps est précieux, que je cotise juste assez pour l''indemnité chômage dont j'ai besoin pour passer plusieurs mois tranquille à lire, à dessiner, à vivre ma meilleure vie sans être salariée. Mes parents sont fiers d'être de la génération "j'ai jamais eu un seul arrêt de travail !". Moi j'ai fait dix ans d'études, une énorme dépression, plusieurs burnout, renoncé au métier de mes rêves (qui n'était finalement pas un rêve du tout), et j'ai appris très vite que l'argent est absurde... Eux et moi, on ne se comprend plus mais je ne le regrette (presque) pas parce que je suis tellement heureuse d'être libre de profiter de ma vie dès maintenant. Quand ça ne va pas, quand je me sens hors sol par rapport à nos sociétés, je relis certains textes, la plupart anarchistes, sur l'absurdité du travail et de l'argent, sur les droits des travailleur.ses, sur la servitude volontaire, sur la liberté. Ça me fait me sentir moins seule, ça me donne de l'espoir et quelque part la validation dont malheureusement j'ai toujours besoin pour me sentir légitime à "ne rien faire". Je crois qu'on est nombreux.ses de notre génération à ressentir ce que tu décrits, sans encore trop en parler.

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Avatar de Florence

Merci beaucoup de m'avoir lue ❤️ C'est vraiment dingue que ce soit encore si marginal de juste remettre en cause le principe même du travail alors que ça me semble tellement évident que ça craint qu'il ait une place aussi importante dans notre vie. À défaut d'espérer que cela change vraiment, je trouve aussi que c'est un peu rassurant de se dire qu'on est plein à partager ce même ras-le-bol et que rien n'est vraiment logique là dedans...

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Avatar de Ayla Saura

J'ai été élevé par un papa qui a est arrivé en France à 27 ans, ne sachant pas parler français et n'ayant aucune qualification dans ce pays. Il a toujours détesté travailler, se faire exploité. Il a toujours été très transparent là dessus. A la mort de ses parents il a reçu un petit héritage et a décidé d'arrêter de travailler. Il s'occupe de la maison, de son jardin, a son rythme et m'a dit ne jamais avoir été si heureux. Aujourd'hui il touche 600€ de retraite et peut compter sur le fait que ma mère est prof et gagne sa vie correctement. Mais il m'a insufflé une volonté de ne pas être esclave de son travail ,de ne pas le voir comme le centre du monde. De sortir des cases, même si le monde entier pense que c'est une énorme feignant....

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Avatar de Florence

On est beaucoup à réaliser à quel point ralentir et faire peu apporte tant de bienêtre, c'est ce que je me dis chaque été lorsque je m'occupe de mon petit carré d'herbe dans ma cour, choisir mes fleurs, creuser des trous, les planter et observer ensuite si tout prend bien c'est toujours ce qui m'apporte le plus de quiétude, bien plus évidemment que de scroller dans mes mails pour voir ceux qui n'ont pas encore eu de réponse de ma part. C'est d'une telle évidence, c'est usant d'espérer un minimum de ça constamment alors que c'est si simple comme demande de notre part de juste avoir la possibilité de vivre paisiblement.

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Avatar de Clémentine

Ta lettre m’a fait beaucoup de bien. Je suis complètement d’accord avec ce que tu dis : le monde du travail a pris une place trop importante, c’est lui qui nous défini maintenant alors qu’on est tellement plus que ça. On se présente en disant notre métier (ou nos études), pourquoi pas en donnant nos passe-temps préférés ?

Je suis en ce moment arrêtée pour dépression et je culpabilise beaucoup de ne rien faire, alors que c’est justement comme ça que je suis sensée récupérer et essayer de sortir de cette spirale. Une amie m’a dit que c’était le capitalisme qui me faisait me sentir comme ça, et je pense qu’elle a raison. J’ai tout de même de la chance d’être salariée et donc de pouvoir m’arrêter avec un salaire maintenu, ce qui enlève tout de même une épine du pieds.

Toujours une plaisir de lire tes réflexions. Bonne week-end ☺️

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Avatar de Florence

Je compatis vraiment pour ta dépression, j'espère que cette période durera le moins longtemps possible et je comprends tellement ton sentiment de culpabilité, c'est nul de ressentir ça alors que ce n'est jamais de ta faute et que ne rien faire et prendre du temps pour toi c'est exactement ce qu'il te faut pour aller mieux. D'autant plus qu'en étant salariée, tu as travaillée pour avoir le droit de bénéficier de cet arrêt (ça ne devrait pas être une raison pour te faire te sentir mieux mais si tu en as besoin, dis toi que ce salaire maintenu tu as cotisé pour !). On est beaucoup trop souvent tellement dures avec nous-mêmes et on ne dirait bien souvent pas un quart de ce que l'on se dit à une amie. Ma psychologue me parlait beaucoup à un moment du fait de faire preuve de compassion avec soi-même. On parle souvent de bienveillance ou de faire preuve d'empathie envers soi-même mais ce n'est pas ça le plus important, la compassion est dans l'action, elle te permet de reconnaître que là, ça ne va pas, mais que tu as le droit d'aller mal, que tes émotions sont valides. Sois ta propre amie, laisse-toi le temps d'aller mieux, je te souhaite que tu t'extirpes bientôt de ce moment pour retrouver un peu plus de douceur de vivre, prends bien soin de toi ❤️

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Avatar de Maeva J.

Tu ne fais pas ''rien'', tu prends soin de toi et c'est la chose la plus importante, et en effet tu as la chance de pouvoir être arrêtée avec un salaire, alors profites-en à fond pour ne ''rien faire'', prendre le temps de te reposer, de pleurer, de faire ce que ton corps et ton esprit réclament.

La situation externe ne changera pas du jour au lendemain, mais avec du vrai repos ton regard peut s'éclairer sur ce qui est prioritaire pour toi, nécessaire ou non, etc.

C'est difficile dans une société comme la nôtre qui place la volonté au coeur de tout, et en conséquence la productivité comme une preuve de force de caractère, mais selon moi il n'y a pas plus grande force de caractère que celle nécessaire lorsqu'on traverse une dépression. Et pour la traverser, il faut s'autoriser à se relâcher, et prendre le risque de toutes les émotions qui vont remonter face à ce relâchement. Mais c'est essentiel, et c'est le plus grand travail.

Je t'envoie tout mon courage 🌻

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Avatar de Emilie 🌸

Ta lettre est passionnante, merci Florence de nous partager avec authenticité ton point de vue et ton expérience.

Lorsque je suis tombée enceinte de mon premier bébé, fin 2023, j'ai fait le choix de ne pas travailler durant toute ma grossesse. Je voulais vraiment vivre cette étape à 200%, en profiter à chaque seconde. Je me sentais si bien, si légère. Et c'est la société qui me faisait me sentir mal parfois, presque honteuse. Parce qu'on nous rabâche combien travailler est nécessaire, qu'il est gage de réussite. En 2017, lorsque j'avais un travail qui ne me plaisait pas du tout (en banque), c'est l'auteur Laurent Gounelle qui m'avait permis de comprendre pourquoi je me sentais si mal, au delà du fait que mon travail ne me plaisait pas. En fait, notre société nous pousse sans cesse à nous identifier à notre emploi..nous sommes ce que nous faisons. Nous existons par rapport à notre travail. Ce qui n'est pas normal !

J'ai perdu mon papa en 2022 alors qu'il était jeune retraité. Emporté par la maladie après avoir été son propre patron pendant toute sa carrière. J'en ai énormément voulu à tout ce fonctionnement dans lequel nous grandissons, tout ce temps que nous donnons à notre travail en dépit du temps que l'on devrait s'offrir à nous-mêmes.

J'aurai tant à dire à ce sujet, mais finalement je conclurais simplement par dire que tes mots font tous échos en moi.. J'aimerai que l'on puisse revenir à un mode de vie plus paisible, fonctionnant par le troc d'échange de services ou de pots de confiture (Oui, j'aime rêver d'un monde comme celui!).

J'ai récemment discuté avec une petite créatrice de bijoux près de chez moi. Elle m'a expliqué que son activité (à laquelle elle se dédie pleinement depuis 4 ans) lui rapportait de l'argent mais qu'elle n'avait pas l'attention de faire un gros business de son entreprise et que cela lui convenait. Elle me disait qu'elle préférait gagner peu d'argent mais vivre très sobrement plutôt que de gagner beaucoup d'argent et de ne plus avoir de temps pour vivre lentement. J'ai aimé cette pensée.

Peut-être faut-il trouver un juste milieu... Pour ma part j'ai fait le choix de ne travailler que 28h par semaine pour avoir du temps avec mon bébé, ma famille..prendre le temps. Et j'espère dans un futur proche pouvoir m'octroyer encore plus de temps.

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Avatar de Florence

Merci beaucoup pour ton message, je ne savais pas complètement si j'allais publier cette lettre là maintenant, elle trainait dans mes brouillons et j'ai terminé de l'écrire juste avant de la publier en me disant qu'il fallait bien que je la mette en ligne à un moment !

Cette impression de calme lorsque l'on s'arrête de travailler est tellement agréable, soudainement tout a plus de valeur et on redécouvre la vie (lorsque c'est un plus ou moins un choix en tout cas, ce n'est pas toujours aussi agréable). On ne nous laisse finalement jamais vraiment de place pour se questionner sur ce rapport au travail, on nous demande quand on a à peine 13-14 ans ce que l'on voudrait faire plus tard (comment le savoir ? Notre cerveau n'a même pas encore complètement terminé de se former et on n'a même pas non plus finit de grandir) en nous poussant le plus tôt possible dans cette direction là sans vraiment avoir de possibilité de faire autrement. Je suis désolée pour ton papa, c'est si fréquent ces parcours de vie qui s'arrêtent prématurément sitôt la retraite arrivée, c'est injuste de travailler toute une vie et de ne pas pouvoir profiter de ce qu'on nous agite sous le nez.

En tout cas je suis pour l'échange de pots de confiture !

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Avatar de Emilie 🌸

Tu as vraiment bien fait de publier cette lettre et encore plus lorsque je vois les autres commentaires. Tes mots sont toujours choisis avec beaucoup de pertinence et d'authenticité, j'aime beaucoup te lire.

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Avatar de Francis Chouquet

Alala tout ça me parle tellement depuis tellement longtemps. Je n’ai pas de solution ou réponse facile. Ce que je sais c’est que j’ai fait des choix pour accepter des projets alimentaires pour avoir la liberté dont j’ai besoin à coté. Aussi avec ma femme on va déménager dans une région moins chère pour réduire nos frais et ainsi avoir moins de besoin en argent. Mais c’est chaud tous les jours, c’est pas toujours simple de garder le cap. Mais j’ai 50 ans. Et je me suis assez fait chier pour « reussir ma carrière ou ma vie ». Je veux juste qu’on me laisse tranquille et kiffer. Et je pense que ce point est plus simple à 50 qu’à 30. Y a moins de pression de la société. Mais il faut une sacrée force alors prend bien soin de toi. C’est hyper important que tu mettes en avant ce qui te fait du bien en premier. Et caler tes besoins en tunes autour, et pas l’inverse.

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Avatar de Florence

Merci beaucoup Francis pour ton regard ! J'aspire vraiment à plus de tranquillité dans le futur, je me demande toujours si j'idéalise mes souvenirs de lorsque je vivais encore dans un tout petit village (très certainement qu'il y a un peu de ça, j'étais enfant je n'avais pas du tout les mêmes problèmatiques si ce nest quoi prendre au goûter) mais je sais que je ne veux pas vivre toute ma vie en ville. Ce n'est pas encore possible d'atteindre cette forme de tranquillité plus lente, pourtant j'habite dans une ville qui est vraiment très agréable (et beaucoup de villes françaises gagneraient à regarder un peu comment est Montréal, ne serait-ce que de son verdissement qui a un tel impact sur le bienêtre) mais à côté de ça, elle est chère et nécessite d'avoir suffisamment d'argent pour ne pas trop y galérer et ne pas se laisser bouffer par l'inquiétude de l'après. On verra bien à l'avenir, je sais qu'en tout cas avoir ce luxe de pouvoir fermer mon ordinateur et partir faire ce dont j'ai envie quand j'en ai envie sans être bloquée par des horaires de bureau et un salariat est déjà quelque chose que je ne lâcherai surtout pas.

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Avatar de Pauline
Mar 6Modifié

Cette réflexion me parle tellement, du plus loin que je m’en souvienne j’ai commencé à me questionner sur le sujet juste avant le covid, un soir où je rentrais chez moi. A l’époque je travaillais dans un groupe de cosmétique, et je me souviens avoir cette réflexion sur le chemin du retour, « mais qu’est-ce que c’est que cette vie ». Je me sentais dépossédée de ma propre vie, à devoir tout millimétrer, « je pars de l’entreprise à telle heure, comme ça j’arrive au sport à telle heure, je fais tant d’heures de sport, puis je pars à telle heure comme ça je rentre à telle heure et je mange et me douche à telle heure max ». Enfer. Puis le covid est arrivé comme un sauveur pour ma part, et j’ai vécu le confinement comme une délivrance. Confinée chez ma soeur dans son appart dans le Sud Ouest proche du bassin, j’ai fait partie de ceux qui ont vécu le confinement comme une libération (malgré l’enfermement et la privation de liberté, c’est cocasse mais ça en dit long) et qui étaient terrifiés à l’idée de déconfiner et de retrouver le monde d’avant. Après quelques mois, un retour au travail, puis un burn out et une dépression qui ne m’ont pas laissé le choix que de m’arrêter pendant un an. Suite à cela j’ai signé une rupture conventionnelle, et une fois sortie de la dépression j’ai commencé à entrevoir une autre manière de vivre, plus lente, plus consciente, qui me grisait de par l’espace physique et mental dont tu parlais, autant qu’elle me terrifiait. J’avais très peur de ne jamais pouvoir et vouloir retourner travailler, tout en sachant que dans notre système capitaliste c’est tout bonnement impossible. Je me rappelle avoir eu un mal de chien à accepter que j’avais le droit d’exister dans autre chose que la productivité et le travail, je ne me sentais d’aucune valeur (ma psy et tous les soignants qui m’ont entourée m’ont bien aidée sur le sujet). Puis comme beaucoup, je me suis lancée en free-lance, par peur bleue de revivre un traumatisme en entreprise, ce n’est vraiment pas facile d’en vivre mais j’essaye de faire marcher mon activité comme je peux car je crois que je ne supporterais pas de retrouver l’aliénation du cadre d’une grande entreprise. Nous avons droit à la liberté et l’oisiveté, elles font partie de nous, ça me tue qu’on essaye de nous l’acheter en permanence pour quelques euros qui ne permettent même pas de bien vivre.

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Avatar de Florence

Je te comprends tellement ! Et c'est rassurant de savoir que l'on est tant à trouver ce système profondément injuste, ça n'a tellement aucun sens. Quand tu y réfléchis vraiment, c'est absurde de naître, d'avoir quelques années de liberté avant de devoir rejoindre la société et gagner de l'argent pour pouvoir avoir le droit de vivre... alors même qu'on n'a pas eu le choix sur notre propre existence au tout début. Et clairement, si au moins on vivait correctement et que personne ne galérait, mais c'est même pas le cas !

J'ai aussi vécu les confinements comme incroyablement reposants, dans mes souvenirs je crois que je travaillais encore à ce moment là (c'est après le Covid que mon activité a subit un énorme contre-coup, je me disais bien que c'était trop beau haha), mais c'est d'une tristesse dingue de ne finalement avoir aucun choix si ce n'est que de trouver des astuces pour essayer de contourner un système qui ne nous convienne pas.

Je pense souvent aussi à cette notion de valeur, maintenant que tu es freelance peut-être que tu te bats aussi contre ce sentiment mais je déteste avoir l'impression que je ne vaux rien quand je traverse des périodes de creux et que je ne gagne pas d'argent, comme si notre seule valeur se plaçait sur combien d'argent on réussissait à gagner. Prends bien soin de toi, je te souhaite que ce nouveau rythme réussisse à te faire te sentir mieux avec un peu plus de contrôle sur ce que tu veux vraiment pour ta propre vie.

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Avatar de Maeva J.

Je te conseille vivement le livre ''Éloge de l'oisiveté'' de Bertrand Russell, qui parle exactement de ce sujet et qui est très intéressant à lire. C'est une lecture rapide, concise, efficace, à laquelle je reviens dès que j'enrage contre ce ''monde du travail'' (et, entre autres, ce ''France travail'' qui m'écorche les oreilles à chaque fois) qui n'est pas fait pour les artistes. Et de manière générale cette société qui se base sur la croissance au lieu du bien-être (qui aurait un bien meilleur effet sur la santé financière du pays que tout autre chose). Qui oublie ses habitants et en laisse tant à la rue. Etc.

Je viens aussi de lire ''Antidote au culte de la performance'' d'Olivier Hamant et je vais écrire un article dessus car je le trouve assez révolutionnaire. C'est aussi une lecture rapide, concise, efficace. Que je vais relire aussitôt. (Je l'ai terminé ce matin.) Il y dit notamment que même le gouvernement réticent qui est le nôtre n'aura bientôt plus le choix car la poursuite de la croissance ne peut tout simplement, pragmatiquement, plus durer, et qu'un changement profond de nos habitudes et de notre modèle économique est inévitable.

En résumé, l'''Éloge de l'oisiveté'' me rassure dans le fait que je ne suis pas folle de ressentir ce que je ressens, et que je ne suis pas seule. (Tout comme ta lettre.) Et l'''Antidote au culte de la performance'' me rassure quant à l'avenir, que les solutions existent et commencent à prendre leur place.

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Avatar de Florence

Merci beaucoup pour tes recommandations ! J'ai lu ton commentaire sur le chemin pour rentrer chez moi et j'en ai profité pour faire un détour par ma librairie, par chance ils avaient les deux livres (et le libraire m'a proposé en passant "La paresse comme vérité effective de l'homme" de Kazimir Malévitch que j'ai ajouté à ma toute petit pile), je ne connaissais pas la collection ça me donne envie d'aller voir ce qui pourrait me tenter d'autre dedans :)

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Avatar de Maeva J.

De rien ! Je ne m'attendais pas à une telle immédiateté d'achat mais j'en suis contente, j'espère que ça te plaira / aidera ! Et je serais donc curieuse de ton retour sur celui qui t'a été recommandé, je ne le connais pas ^^ Bonnes lectures !!

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Avatar de Florence

Haha ton timing était excellent, je passais devant la librairie pour rentrer alors tant qu'à faire... je vais m'organiser une grande pause thé pour lire tout ça et je pense que je les inclurai dans ma prochaine newsletter de mi-mois, ça fera un pont excellent entre les deux ! :)

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Avatar de Yasmine

Ah le travail et notre rapport à ce dernier, c'est tellement complexe, à fortiori dans une société capitaliste comme la notre où il est quand même pas évident de "tracer sa propre route"... J'ai beaucoup été (je pense) influencée par des parents qui n'ont pas fait de leur art (la musique) leur vie, mais qui ont aussi eu un rapport conflictuel au travail je pense (mon papa a été au chômage longtemps et je crois qu'il n'aimait pas trop ce qu'il faisait quand il travaillait en gagnant pourtant bien sa vie, et ma maman a été mère au foyer, ce qui l'a épanouie mais je crois qu'elle se sent un peu mise de côté, d'autant que nous, ses filles, on travaille depuis assez jeunes, on ne se retrouve pas trop sur ce sujet, bref).

Et si j'ai donc travaillé très tôt (pour subvenir à mes besoins en même temps que de faire mes études) je garde un excellent souvenir de ce job étudiant en restauration. La suite a été moins reluisante, job alimentaire confortable mais pas passionnant, sans savoir vers quoi me diriger, et la suite tu la connais un peu (rupture conventionnelle, chômage (en temps de Covid...), bilan de compétences, réorientation réussie). Je suis plus sereine depuis que je fais quelque chose que j'aime, mais... je trouve toujours à redire sur le monde du travail. Dans mon domaine je trouve qu'on travaille trop (en amplitudes horaires) pour un salaire ridiculement bas et puis il y a bien des choses absurdes au quotidien qui me font parfois râler. Je me dis que le boulot parfait n'existe pas pour relativiser, et m'interroge souvent sur ce paradoxe : travailler c'est pas ma passion, mais pourtant, j'en ai "besoin" pour structurer ma vie, me donner un cadre et je crois (hélas) mieux profiter de mes moments de calme (en vacances, week-end) par contraste.

Je compte prendre un court congé parental suite au congé maternité, et ça me donne autant envie que ça me terrifie : et si en fait j'étais plus heureuse au travail ? Mais bon, tout ça sera à découvrir quand le petit bébé que j'abrite pointera le bout de son nez, peut-être qu'au contraire je n'aurai plus aucune envie d'aller travailler ? Qui sait.

Des bisous !

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Avatar de Florence

Je te souhaite vraiment de (pouvoir) te laisser le temps pour les prochains mois de découvrir et de voir ce que sera ta nouvelle vie, peut-être que ton rapport au travail changera encore plus à ce moment là et que finalement sans le savoir lorsque tu as fait ton bilan et ta réorientation tu préparais le terrain pour vivre selon des termes qui te conviennent plus (le salaire ridiculement bas en moins...).

Je trouve aussi que le travail donne un certain cadre et c'est en ça que je trouve bête lorsque l'on parle du revenu universel et que tant de personnes nous sautent à la gorge quand on défend cette idée en disant que ça encourageait juste les gens à être feignant et à regarder la télé toute la journée. Tout d'abord : et alors si c'est le cas ? Et ensuite, je ne suis même pas certaine que les gens arrêteraient de travailler, au contraire ça pourrait être une solution idéale pour remettre un peu plus de travail social au centre de l'échiquier pour notre propre bienêtre commun et non pour seul but de réussir à payer ses factures. Quand je me dis "et si là je gagnais une énorme somme au loto je ferais quoi ?" souvent ma réponse (mais impossible de savoir ce qu'il en serait en réalité) ce serait que je n'arrêterais probablement pas mais que je ferais différemment, que ça me permettrait de travailler gratuitement pour des organismes qui en ont vraiment besoin et trouver une forme d'épanouissement différent, un peu plus cohérent politiquement.

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Avatar de Maeva J.

(Je m'incruste rapidement, il y a des études qui prouvent qu'avec le revenu universel les gens ne passent pas leur temps à rien faire. Les gens travaillent, et sont d'autant plus motivés pour travailler, car leur survie n'est pas enjeu, ils le font pour leur bien-être. On aime se rendre utile, se réaliser. Ce qu'on n'aime pas c'est se casser le dos pour une société totalement déséquilibrée qui ne prend pas soin de ses citoyens.)

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Avatar de Florence

Oui en plus, et c'est d'une telle évidence ! Mais on semble en être encore très loin et c'est malheureux, je ne sais pas ce que cela donnerait si on refaisait un sondage pour savoir à quel point les gens y seraient réticents maintenant. Mais depuis 2017 lorsque l'on en parlait un peu plus publiquement ce sujet là semble vraiment si loin par rapport aux problématiques actuelles.

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Avatar de Maeva J.

Je pense qu'un sondage ne fonctionnerait pas tellement aujourd'hui, je ne suis pas sûre que le concept soit encore bien connu et compris... Je pense qu'une majorité de la jeunesse est de plus en plus consciente de cette évidence dont tu parles, et de la nécessité de ce changement, mais qu'il y a beaucoup de travail à faire avant de changer l'avis/la perspective des générations précédentes qui croient qu'on vit encore dans une méritocratie...

J'ai commencé à lire « Sois jeune et tais-toi » de Salomé Saqué qui couvre le sujet de ces écarts générationnels qui se creusent. Je ne sais pas si elle couvre la notion du revenu universel, mais elle parle de la méritocratie, et les deux sujets sont intimement liés je pense dans notre société. (J'avais accidentellement écrit "nation du revenu universel". Ce serait quelque chose !)

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Avatar de camille

ça fait écho avec un épisode de podcast que j'écoutais ce matin - peut-on vraiment travailler et être heureux-se (du podcast Encore heureux, que j'aime beaucoup) - et il y avait des pistes intéressantes sur ce qu'on pourrait faire pour justement ne plus mettre le travail au centre nos vies (spoiler, de toutes façons tant que le capitalisme regira nos vies au sens large, on n'aura pas trop de marge de manœuvre mais bon), bref.

je suis passée par la case burn out aussi et je crois que depuis, j'ai réussi à mettre un peu de distance entre le travail et moi (mais est-ce que j'y arrive aussi parce que je "gagne bien ma vie" comme on dit et parce que j'ai le luxe de moins travailler ? oui peut-être, ça doit aider).

je sais plus où je m'en allais avec ce commentaire, mais merci pour cet épisode.

je nous souhaite beaucoup de promenades au soleil et au temps long lorsque l'été sera de retour.

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Avatar de Florence

Oh merci pour le podcast, son titre me disait quelque chose et effectivement, j'avais commencé à l'écouter avant d'être interrompue et je ne l'ai finalement pas terminé, il faut que je répare ça.

Savoure le confort que tu as réussi à enfin décrocher, je suis vraiment heureuse que tu aies réussi à trouver un équilibre qui t'aille mieux, ne pas travailler le vendredi vraiment, tout le monde devrait pouvoir le faire c'est assez fabuleux, surtout l'été ! Vivement les boissons fraiches remplies de glaçons et le bout du nez qui rougit.

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Avatar de Héloïse

Hello Florence,

Ta réflexion sur ce sujet résonne beaucoup avec celle que je peux avoir en ce moment.

Après quelques années très intenses, j’ai profité de la fin d’un contrat pour faire un break (non sans culpabilité - vive notre société productiviste où si tu ne fais rien, tu n’es pas grand chose.)

Après quelques mois (et le printemps qui arrive) je vois un peu le bout du tunnel. Je reprends des forces. Je n’ai pas « rien fait », j’ai pris soin de moi.

Seulement, la question se pose maintenant : faut-il repartir dans le même mécanisme ?

Comment allier: trouver un boulot qui donne envie de se lever le matin ET qui permet de vivre décemment ET avoir du temps de qualité pour soi (repos, créativité, nature, lien avec les proches - et pas des moments volés dans un quotidien rapide et rempli ) ?

La recherche de l’équilibre se poursuit (dans une société bien bancale, youhouu)

Pour finir, je suis tombée sur une chouette lecture qui reprend cette même réflexion : Paresse pour tous d’Hadrien Klent (spoiler: on a envie d’y croire).

Il y a également une suite.

Peut être que ça pourra te plaire ? 🤗

Bon courage et bonne continuation ☀️☺️

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Avatar de 0pale

Je répète souvent qu'on travaille pour vivre et qu'on ne vit pas pour travailler. Je suis dans un schéma classique de CDI mal payé dans le social mais je ne me "tue" plus à la tâche comme je pouvais le faire à 20 ans quand j'étais libraire. Je me suis reconvertie pour gagner du temps avec mes filles sans regret. Et quand le travail est calme, un livre n'est jamais loin :)

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