Cher vous, il a neigé (encore) ce matin, les bourgeons verdissent doucement, j'ai regardé deux fois Adolescence et commencé à reporter (un jour) des chaussures légères
Bon courage pour sa lecture, très curieuse de savoir ce que tu en auras pensé ! Ahhhhhh et une mini-série qui plus est, carton plein je fais filer la regarder alors !
Après avoir vu autant d'avis positifs de A Little Life, et venant de personnes très différentes, ça me rassure un peu de lire ce type d'avis sur ce livre (et c'est le deuxième avis négatif que je vois cette semaine, dans deux substack). Je me suis posé la question, quand je l'ai lu il y a quelques années, si j'étais passée à côté, à force de voir tout le monde chialer en le lisant. J'étais assez embarquée dans l'histoire au début, et je m'étais attachée aux personnages, mais à force ça devenait plus crédible du tout (même si comme tu le dis, ça arrive sans doute que des personnes subissent malheureusement autant d'horreurs dans leur vie, mais là ça ne paraissait pas naturel et ça donnait l'impression en effet d'une liste de traumas à cocher). Donc je n'ai vraiment jamais compris l'engouement de ce trauma porn... Et ce n'est que très récemment que j'ai vu la véritable position de l'autrice sur les sujets, dans une espèce de je-m'en-foutisme complet, de déni total, et d'ignorance, et ça n'a fait que conforter finalement mon avis initial. Bref, merci pour cet avis détaillé, qui me rassure quand à la lecture qu'on peut avoir de ce livre !!
Merci pour ton avis ! À l'entendre dans ses interviews elle a une façon d'en parler tellement froide et détachée à la fois dans son ton et sa gestuelle que ça m'a vraiment dérangée, on sent juste qu'aucune remise en question ne serait possible et que ses écrits n'évolueront pas. Tous ses romans ont l'air de mettre en scène des hommes gay et au bout d'un moment quand un thème est à ce point exploré de la part d'une personne non concernée (surtout quand le thème sous-jacent est la souffrance) ça me met juste mal à l'aise tellement ça commence à ressembler à du fétichisme 😬
Merci beaucoup Florence pour ton retour sur A Little Life, roman que j'avais adoré lire tout en étant consciente que je fermais les yeux sur un paquet de trucs qui m'apparaissaient problématiques, mais j'étais tellement prise dedans que je préférais passer cela sous le tapis et me concentrer sur ce que j'aimais de ce livre. C'était intellectuellement pas très honnête de ma part, et je te rejoins sur beaucoup d'aspects. Le côté "trop". Trop d'abus, trop de violence, trop d'auto-mutilation. Je ne connaissais pas l'autrice et ses discours et prises de position, mais lire ton article m'a permis de me rendre compte que ce n'était pas, comme je le pensais, une sorte de mise en garde sur ce qui peut se passer quand on refuse de se faire accompagner, mais au contraire une méconnaissance volontaire et donc une mise en danger des lecteur-ices.
Il y a de belles choses dans ce livre, j'ai une affection immense pour Willem, je trouve que la relation avec Jude était très jolie, mais aurait pu être encore plus lumineuse. Et dans cette sorte de parentalité d'adoption, il y a aussi des passages que j'ai trouvé bouleversants. Mais cela ne rattrape pas la débauche de scènes traumatisantes. Même si j'ai l'habitude, et je pense pouvoir dire que j'aime ça, de lire des ouvrages un peu durs, ou en tout cas qui bousculent, je crois malheureusement que je n'ai pas regardé suffisamment ce texte en face, et j'ai été complaisante sur des aspects très questionnables.
Merci à toi Solveig ! C'est vraiment pas évident pour ce genre de lectures parce que souvent je me demande si le fait qu'elles soient aussi populaires fait que le regard qu'on porte dessus est forcément biaisé (en faisant adorer le livre ou ne pas l'aimer du tout) et empêche de voir vraiment clairement ce qu'on lit. Je ne sais pas si je m'étais auto-biaisée et si le livre partait déjà complètement perdant ou pas, mais oui ce côté trop tout le temps c'était pas possible... Tellement trop que j'ai éclaté de rire à un moment tant la scène me semblait invraisemblable (le moment où, je ne sais pas si tu te souviens, Caleb lui explose une bouteille de vin dans la nuque. Le livre m'a définitivement perdu à ce moment là tellement c'était absurde, ça et quand tu fais la timeline de tout son début de vie qui mis bout à bout ne tient vraiment pas debout, le psychiatre qui lui roule dessus avec sa voiture c'est vraiment trop gros...).
Et pourtant c'est vraiment dommage parce que le livre aurait pu être vraiment bon si il avait été moins too much, pareil j'ai beaucoup aimé Willem et leur relation aurait pu être très belle si ce n'était pas complètement tombé dans ce syndrome du sauveur (qui faisait sens avec son propre frère, là au moins ça avait une vraie forme de cohérence !). Sans être catégorique là dessus, parfois écrire de manière explicite peut avoir un vrai intérêt pour encore plus appuyer sur un détail et lui donner plus de poids, mais quand c'est à ce point sans aucune autre approche ça m'a juste donné l'impression que l'autrice ne savait pas écrire autrement que via le fait de vouloir choquer. Ça fait perdre au texte toute une sensibilité et une finesse potentielle qui aurait pu avoir mille fois plus d'impact. Mais en tout cas le fait de ne faire aucune recherche au préalable et de ne visiblement faire appel à aucun sensitivity reader pour moi c'est un grand non, c'est vraiment utiliser les traumas pour faire son beurre et c'est vraiment super craignos (dans l'une de ses interviews quand elle parle du fait que des personnes ont pleuré en lisant son livre sa première réaction c'est "What a bunch of pussies" et qu'elle le dise au second degré ou non, je trouve ça super révélateur du gros manque de sensibilité autour des thèmes traités...)
Wow en effet, elle n'a pas l'air d'être une formidable personne. Mais oui, il y a des trucs tellement gros en terme d'invraisemblances, je sais que je m'étais dit "n'exagérons pas non plus". Par contre ce qui m'intéresse c'est en effet son succès et ce que les gens trouvent dedans qui leur parle (comme ça a pu me parler à certains endroits).
« Il y a de belles choses dans ce livre, j'ai une affection immense pour Willem, je trouve que la relation avec Jude était très jolie, mais aurait pu être encore plus lumineuse. Et dans cette sorte de parentalité d'adoption, il y a aussi des passages que j'ai trouvé bouleversants. »
Je suis entièrement d’accord avec toi. La force du roman, ce sont les relations amicales, amoureuses, familiales aussi.
Il y a des moments décidément très forts qui « marquent » comme peu de romans savent le faire.
J'ai un terrible retard de lecture de newsletters (la honte) alors je passe juste une tête après avoir lue la tienne à l'instant (et encore je dois rattraper tes autres newsletters récentes!) parce que j'aime toujours autant les partages culturels, donc j'ai noté des choses - notamment que je ne lirai jamais A Little Life ahah ! Ce que tu en dis me fait (un peu) penser à ce que j'avais ressenti en lisant Betty, qui m'avait horrifiée (malgré ses qualités par ailleurs) et dont j'avais aussi eu besoin d'écrire une newsletter dessus à l'époque.
Je note aussi pour les séries - j'ai lu sur je-ne-sais-quel réseau que Adolescence avait été réalisé par un proche de Johnny Depp par contre, ce qui m'a laissé circonspecte vu le sujet, mais bon (peut-être était-ce une fake news ?). Merci aussi pour les reco musicales, tu es toujours de bon conseil là-dessus, ou en tout cas, je me retrouve souvent dans tes goûts :)
Moi je n'ai pas tant à recommander, je lis surtout des livres sur la parentalité, la grossesse, le périnée (bien que ce dernier livre soit intéressant pour tout le monde !) en ce moment, mais entre tout ça j'y glisse des romans un peu feel-good, "faciles" et je suis justement en train de terminer Une saison à l'atelier de poterie, aux éditions Nami. C'est doux, pas inoubliable, mais ça me fait une pause au milieu du sujet qui me prend tout mon espace mental en ce moment... Bon et côté musique : grosse passion pour le dernier album de Lady Gaga !
Belle journée et tiens bon jusqu'au printemps, il va arriver bientôt ☺️
Oh oui je comprends pour Betty ! J'avais beaucoup aimé dans mes souvenirs mais c'est vrai qu'en terme d'accumulation de malheurs c'était déjà plutôt haut. Je me rappelle surtout d'un passage précis (un passage avec une mort de chien, je crois que la manière de la décrire était assez violente et n'était pas naturelle) que j'avais lu pendant que j'étais dans la salle d'attente de chez le dentiste et ça m'avait physiquement rendue pas hyper bien... lorsque c'est "une fois de temps en temps" dans un livre ça peut servir le propos. Quand ça commence à ressembler à une longue liste je m'interroge un peu plus sur la nécessité et ce que ça apporte au récit.
Mince effectivement je suis allée vérifier pour Johnny Depp et c'est vrai (et Brad Pitt a aussi participé à sa production via sa boîte de prod), c'est tellement frustrant quand des séries/films/oeuvres sont reliées à des thématiques extérieures qui vont à l'inverse du sujet traité. On n'est vraiment tranquille nulle part 🫠
En parlant de tes propres lectures j'ai lu Trois mois sous silence dont tu avais parlé ! Dans un monde idéal on lirait des écrits même en ne se sentant pas concerné (je parle de vous les hommes) mais en attendant je l'ai trouvé vraiment très intéressant à lire. Tu me fais penser que je n'ai toujours pas écouté au complet l'album de Lady Gaga, j'y file !
Merci pour ce retour sur A Little Life, j’aurais difficilement dit mieux. Ce livre m’a fait vivre des émotions très contradictoires. C’est souvent beau, parfois bien écrit mais aussi souvent beaucoup trop lourd et pompeux (les phrases à rallonge…). J’ai eu le sentiment qu’elle se regardait écrire avec orgueil. Et puis arrive la bascule dans le sordide absolu. On savait que ça venait, mais toute la première partie du livre nous laissait seulement en deviner les contours.
Étant moi même plurihandicapée, avec une bonne connaissance de la douleur et de la dépression, quelques passages m’ont paru pertinents (mais très minoritaires) tout en sachant que ce n’était pas écrit par une concernée. Le fait est que j’ai régulièrement eu le sentiment que la dame projette beaucoup de fantasmes pas très sains sur la souffrance physique, mentale, et leurs conséquences. Oui, parfois, certaines personnes refusent d’être aidées, et ne font rien pour s’aider elles-mêmes. C’est ce qu’elle veut transmettre (pourquoi ? C’est extrêmement réducteur).
Ce qui n’est pas le cas de Jude. J’ai eu envie de le secouer plein de fois, mais je l’ai aussi vu essayer plein de fois, se raccrocher par amour envers Willem, ou Harold.
Cependant, l’accumulation de malheurs devient grotesque, elle choisit de condamner son personnage sans appel. Il aurait été difficile de faire de Jude une personne totalement résilient, parce que parfois ce n’est juste pas possible, cependant ça ne veut pas dire qu’on est cassé pour de bon et pour toujours. J’ai commencé à chercher plus d’infos sur l’autrice en cours de lecture, car j étais de plus en plus mal à l’aise (aussi à cause de son traitement des personnages gays : drogue, violence et mort, et rien d’autres pour eux). Ses positions sont problématiques et son refus de se renseigner choquant, même si le livre a 10 ans. Une lecture en demi-teinte, j’aurais voulu adorer ce livre, mais ce n’est pas possible. J’en garde cependant les rares bulles de joie trouvées ici et là.
Merci pout ton avis Adèle ! C'est vraiment ça, j'ai aussi eu cette sensation tout le long d'une fascination assez malsaine pour la souffrance qui m'a vraiment dérangée (+ c'est vrai qu'elle a l'air de se regarder écrire, c'est pas les textes les plus agréables à lire ceux-là 😅). Je m'estime chanceuse, malgré mes multiples dépression j'ai toujours cru en la thérapie et ai toujours eu envie d'essayer encore et encore malgré les moments où j'étais trop épuisée à être au bord de vouloir baisser complètement les bras, mais ce n'est pas le cas de tout le monde et faire passer un tel message à être convaincue que ça ne sert à rien d'essayer et de continuer d'y croire un tout petit peu c'est vraiment dangereux. Je trouve que c'est juste hyper symptomatique du traitement global de notre société envers la santé mentale/le handicap/la souffrance. Que ça ne vaut pas le coup d'essayer et de l'encadrer, que ce soit de manière symbolique ou juste purement pratique via de meilleurs accès ou un environnement mieux construit.
Puis oui toute sa posture et sa presque fierté de ne pas s'être renseignée et d'avoir projeté ses croyances sur les personnages est choquante, le traitement de ses personnages gay est tellement catastrophique, c'est hyper problèmatique de voir qu'elle a l'air de vouloir tous les faire soit souffrir soit violer/être violés et que ça semble être complètement accepté comme étant sa propre norme... ça rentre complètement dans cet imaginaire affreux encore hyper implanté qu'homosexualité masculine = pédophilie.
Il faudra que je revienne exprimer mon point de vue de manière plus structurée mais au delà de l’autrice qui effectivement peut être remise en question par ses choix et prises de position, je trouve dommage de voir ce roman via tout un prisme aussi « militant « sur de nombreux points.
Je sais que son succès s’explique parce que l’écho qu’il a pu donner à bien des victimes de violences sexuelles. Au delà du sujet de la thérapie sur lequel on peut effectivement s’interroger, j’ai trouvé une vision humaine, avec tout ce qu’elle a de contradictoire et de paradoxal. Chaque victime est différente, les réactions peuvent être imprévisibles.
Est ce que j’aurais aimé un happy end ? Oui parce que je me suis attachée avec une telle force avec ces 4 amis, Harold, Andy que j’aurais aimé autre chose mais quelque part, il y a une forme de cohérence suite au rebondissement inattendu qui fait que l’espoir est perdu, pour Jude.
Au final, on ne peut pas rester indifférent à ce roman si fort. Il interroge, remue, met en colère et nos attentes ou réactions sont à la hauteur de ces 770 pages.
Hello Maud ! Merci pour ton avis c'est toujours intéressant sur ce type de lecture d'avoir un autre pan, je me doutais qu'en écrivant mon avis à propos d'un livre qui a autant aimé pourrait potentiellement heurter (entre gros guillemets hein évidemment, pas heurter dans le sens être super blessée) mais ce n'est même pas tant un prisme militant à mon sens (tout est politique donc en soit, que ce soit ce livre ou un autre il y aura forcément quelque chose qui relève de la vision de l'auteu·rice à l’intérieur, c'est juste que là ça l'est encore plus vu les thématiques traitées).
Mais disons que lorsque je vois un aussi mauvais traitement des sujets abordés — qui sont des sujets graves et qu'on ne peut pas utiliser à la légère sans au minimum se renseigner à leur sujet pour pouvoir bien écrire — et qui mène à un message aussi catastrophique passé tout au long du livre ça me fait forcément sauter au plafond 😅
Je trouve assez frappant la manière dont elle en parle dans ses interviews, elle le fait de manière hyper détachée, et si vraiment elle veut parler du vécu des victimes sur ce type de thématiques, j’aurais trouvé ça respectueux de sa part (et ce pour n'importe quel auteur·ice et pour n'importe quel sujet, c'est exactement à ça que servent les sensitivity readers) de se renseigner, d’être entourée par des personnes dont c’est le métier qui sont spécialisées en accompagnement post-traumatique pour faire en sorte que tout ait une certaine cohérence. Je trouve que ces 770 pages n'étaient pas nécessaires, j'en parle tout comme je parle des autres livres que j'ai pu lire ces derniers temps mais ce n'est pas une lecture qui m'aura marquée parce qu’il m'a donné la sensation de lire une autrice dont la torture et l’acharnement sur un personnage la font fantasmer. Il y aurait pu y avoir 50% de traumas en moins à l’intérieur et là le récit aurait eu un peu plus de cohérence et de poids, mais à ce stade à mes yeux c'est de la torture qui ne sert plus du tout aucun propos... En le lisant je me disais que ça me faisait penser aux romans dans lesquels on se coltine des scènes quasi pornographiques en boucle (dans leur traitement et dans le nombre de détails hyper explicites qui généralement ne servent souvent pas à grand chose 🫥) qui n'apportent en soit que rarement quelque chose au récit, ou certains livres de dark romance dans lesquelles des relations hyper abusives sont dépeintes sans que ça ne serve vraiment au récit et qui ne sont souvent jamais nommées comme étant abusives en les normalisant complètement. Au moment du dernier rebondissement avec Willem, la seule réaction que j’ai eue c’était juste « et allez évidemment 🙄 », c’était une énième goutte de trop dans un vase qui avait débordé depuis 500 pages 🫠
Après mon but ce n’est vraiment pas du tout de débattre pour savoir si oui ou non c’est un bon livre ou de convaincre/faire changer d’avis, à mes yeux ça n’en est pas un mais ça reste un avis super personnel, je sais que quand on a adoré un livre (ou une série, un film) on peut facilement se sentir trop impliquée pour le défendre à un point où ça devient presque viscéral mais j’ai pris le temps de lire plusieurs reviews positives à son sujet et à chaque fois tout ce qui était décrit c’était pile tout ce que je trouvais problématique donc je pense que c’est juste un livre qui fait avoir un avis très tranché d’un côté comme de l’autre, je trouve au moins important que même en l’ayant apprécié, tous les aspects problématiques dedans ne sont pas mis de côté ! :)
*se promet de revenir lire ta review plus tard quand j'aurais moi même terminer de lire ce pavé qui dort sur ma table de chevet*
(Et sinon moi aussi je veux être l'amie qui te conseille des séries donc je te conseille Douglas is cancelled, voilà bises)
Bon courage pour sa lecture, très curieuse de savoir ce que tu en auras pensé ! Ahhhhhh et une mini-série qui plus est, carton plein je fais filer la regarder alors !
Merci pour tes reco et cet avis développé sur A Little Life :)
Merci de m'avoir lue ! ☺️
Après avoir vu autant d'avis positifs de A Little Life, et venant de personnes très différentes, ça me rassure un peu de lire ce type d'avis sur ce livre (et c'est le deuxième avis négatif que je vois cette semaine, dans deux substack). Je me suis posé la question, quand je l'ai lu il y a quelques années, si j'étais passée à côté, à force de voir tout le monde chialer en le lisant. J'étais assez embarquée dans l'histoire au début, et je m'étais attachée aux personnages, mais à force ça devenait plus crédible du tout (même si comme tu le dis, ça arrive sans doute que des personnes subissent malheureusement autant d'horreurs dans leur vie, mais là ça ne paraissait pas naturel et ça donnait l'impression en effet d'une liste de traumas à cocher). Donc je n'ai vraiment jamais compris l'engouement de ce trauma porn... Et ce n'est que très récemment que j'ai vu la véritable position de l'autrice sur les sujets, dans une espèce de je-m'en-foutisme complet, de déni total, et d'ignorance, et ça n'a fait que conforter finalement mon avis initial. Bref, merci pour cet avis détaillé, qui me rassure quand à la lecture qu'on peut avoir de ce livre !!
Merci pour ton avis ! À l'entendre dans ses interviews elle a une façon d'en parler tellement froide et détachée à la fois dans son ton et sa gestuelle que ça m'a vraiment dérangée, on sent juste qu'aucune remise en question ne serait possible et que ses écrits n'évolueront pas. Tous ses romans ont l'air de mettre en scène des hommes gay et au bout d'un moment quand un thème est à ce point exploré de la part d'une personne non concernée (surtout quand le thème sous-jacent est la souffrance) ça me met juste mal à l'aise tellement ça commence à ressembler à du fétichisme 😬
Merci beaucoup Florence pour ton retour sur A Little Life, roman que j'avais adoré lire tout en étant consciente que je fermais les yeux sur un paquet de trucs qui m'apparaissaient problématiques, mais j'étais tellement prise dedans que je préférais passer cela sous le tapis et me concentrer sur ce que j'aimais de ce livre. C'était intellectuellement pas très honnête de ma part, et je te rejoins sur beaucoup d'aspects. Le côté "trop". Trop d'abus, trop de violence, trop d'auto-mutilation. Je ne connaissais pas l'autrice et ses discours et prises de position, mais lire ton article m'a permis de me rendre compte que ce n'était pas, comme je le pensais, une sorte de mise en garde sur ce qui peut se passer quand on refuse de se faire accompagner, mais au contraire une méconnaissance volontaire et donc une mise en danger des lecteur-ices.
Il y a de belles choses dans ce livre, j'ai une affection immense pour Willem, je trouve que la relation avec Jude était très jolie, mais aurait pu être encore plus lumineuse. Et dans cette sorte de parentalité d'adoption, il y a aussi des passages que j'ai trouvé bouleversants. Mais cela ne rattrape pas la débauche de scènes traumatisantes. Même si j'ai l'habitude, et je pense pouvoir dire que j'aime ça, de lire des ouvrages un peu durs, ou en tout cas qui bousculent, je crois malheureusement que je n'ai pas regardé suffisamment ce texte en face, et j'ai été complaisante sur des aspects très questionnables.
Merci de m'avoir fait réfléchir à tout ça <3
Merci à toi Solveig ! C'est vraiment pas évident pour ce genre de lectures parce que souvent je me demande si le fait qu'elles soient aussi populaires fait que le regard qu'on porte dessus est forcément biaisé (en faisant adorer le livre ou ne pas l'aimer du tout) et empêche de voir vraiment clairement ce qu'on lit. Je ne sais pas si je m'étais auto-biaisée et si le livre partait déjà complètement perdant ou pas, mais oui ce côté trop tout le temps c'était pas possible... Tellement trop que j'ai éclaté de rire à un moment tant la scène me semblait invraisemblable (le moment où, je ne sais pas si tu te souviens, Caleb lui explose une bouteille de vin dans la nuque. Le livre m'a définitivement perdu à ce moment là tellement c'était absurde, ça et quand tu fais la timeline de tout son début de vie qui mis bout à bout ne tient vraiment pas debout, le psychiatre qui lui roule dessus avec sa voiture c'est vraiment trop gros...).
Et pourtant c'est vraiment dommage parce que le livre aurait pu être vraiment bon si il avait été moins too much, pareil j'ai beaucoup aimé Willem et leur relation aurait pu être très belle si ce n'était pas complètement tombé dans ce syndrome du sauveur (qui faisait sens avec son propre frère, là au moins ça avait une vraie forme de cohérence !). Sans être catégorique là dessus, parfois écrire de manière explicite peut avoir un vrai intérêt pour encore plus appuyer sur un détail et lui donner plus de poids, mais quand c'est à ce point sans aucune autre approche ça m'a juste donné l'impression que l'autrice ne savait pas écrire autrement que via le fait de vouloir choquer. Ça fait perdre au texte toute une sensibilité et une finesse potentielle qui aurait pu avoir mille fois plus d'impact. Mais en tout cas le fait de ne faire aucune recherche au préalable et de ne visiblement faire appel à aucun sensitivity reader pour moi c'est un grand non, c'est vraiment utiliser les traumas pour faire son beurre et c'est vraiment super craignos (dans l'une de ses interviews quand elle parle du fait que des personnes ont pleuré en lisant son livre sa première réaction c'est "What a bunch of pussies" et qu'elle le dise au second degré ou non, je trouve ça super révélateur du gros manque de sensibilité autour des thèmes traités...)
Wow en effet, elle n'a pas l'air d'être une formidable personne. Mais oui, il y a des trucs tellement gros en terme d'invraisemblances, je sais que je m'étais dit "n'exagérons pas non plus". Par contre ce qui m'intéresse c'est en effet son succès et ce que les gens trouvent dedans qui leur parle (comme ça a pu me parler à certains endroits).
Oui pour autant son succès m'intrigue vraiment !
« Il y a de belles choses dans ce livre, j'ai une affection immense pour Willem, je trouve que la relation avec Jude était très jolie, mais aurait pu être encore plus lumineuse. Et dans cette sorte de parentalité d'adoption, il y a aussi des passages que j'ai trouvé bouleversants. »
Je suis entièrement d’accord avec toi. La force du roman, ce sont les relations amicales, amoureuses, familiales aussi.
Il y a des moments décidément très forts qui « marquent » comme peu de romans savent le faire.
J'ai un terrible retard de lecture de newsletters (la honte) alors je passe juste une tête après avoir lue la tienne à l'instant (et encore je dois rattraper tes autres newsletters récentes!) parce que j'aime toujours autant les partages culturels, donc j'ai noté des choses - notamment que je ne lirai jamais A Little Life ahah ! Ce que tu en dis me fait (un peu) penser à ce que j'avais ressenti en lisant Betty, qui m'avait horrifiée (malgré ses qualités par ailleurs) et dont j'avais aussi eu besoin d'écrire une newsletter dessus à l'époque.
Je note aussi pour les séries - j'ai lu sur je-ne-sais-quel réseau que Adolescence avait été réalisé par un proche de Johnny Depp par contre, ce qui m'a laissé circonspecte vu le sujet, mais bon (peut-être était-ce une fake news ?). Merci aussi pour les reco musicales, tu es toujours de bon conseil là-dessus, ou en tout cas, je me retrouve souvent dans tes goûts :)
Moi je n'ai pas tant à recommander, je lis surtout des livres sur la parentalité, la grossesse, le périnée (bien que ce dernier livre soit intéressant pour tout le monde !) en ce moment, mais entre tout ça j'y glisse des romans un peu feel-good, "faciles" et je suis justement en train de terminer Une saison à l'atelier de poterie, aux éditions Nami. C'est doux, pas inoubliable, mais ça me fait une pause au milieu du sujet qui me prend tout mon espace mental en ce moment... Bon et côté musique : grosse passion pour le dernier album de Lady Gaga !
Belle journée et tiens bon jusqu'au printemps, il va arriver bientôt ☺️
Oh oui je comprends pour Betty ! J'avais beaucoup aimé dans mes souvenirs mais c'est vrai qu'en terme d'accumulation de malheurs c'était déjà plutôt haut. Je me rappelle surtout d'un passage précis (un passage avec une mort de chien, je crois que la manière de la décrire était assez violente et n'était pas naturelle) que j'avais lu pendant que j'étais dans la salle d'attente de chez le dentiste et ça m'avait physiquement rendue pas hyper bien... lorsque c'est "une fois de temps en temps" dans un livre ça peut servir le propos. Quand ça commence à ressembler à une longue liste je m'interroge un peu plus sur la nécessité et ce que ça apporte au récit.
Mince effectivement je suis allée vérifier pour Johnny Depp et c'est vrai (et Brad Pitt a aussi participé à sa production via sa boîte de prod), c'est tellement frustrant quand des séries/films/oeuvres sont reliées à des thématiques extérieures qui vont à l'inverse du sujet traité. On n'est vraiment tranquille nulle part 🫠
En parlant de tes propres lectures j'ai lu Trois mois sous silence dont tu avais parlé ! Dans un monde idéal on lirait des écrits même en ne se sentant pas concerné (je parle de vous les hommes) mais en attendant je l'ai trouvé vraiment très intéressant à lire. Tu me fais penser que je n'ai toujours pas écouté au complet l'album de Lady Gaga, j'y file !
Belle journée à toi aussi ! 💛
Moi c'est le chapitre des chatons morts aussi qui m'a trauma dans Betty (pourtant on m'avait prévenue de ne pas le lire, mais bon...) 😰
Contente que tu aies lu Trois mois sous silence et que ça t'ait parlé :)
Ah oui les chatons, pas le chien ! Voilà j'avais trouvé ça tellement choquant que mon esprit a commencé à essayer de l'effacer de ma mémoire 🥲
Merci pour ce retour sur A Little Life, j’aurais difficilement dit mieux. Ce livre m’a fait vivre des émotions très contradictoires. C’est souvent beau, parfois bien écrit mais aussi souvent beaucoup trop lourd et pompeux (les phrases à rallonge…). J’ai eu le sentiment qu’elle se regardait écrire avec orgueil. Et puis arrive la bascule dans le sordide absolu. On savait que ça venait, mais toute la première partie du livre nous laissait seulement en deviner les contours.
Étant moi même plurihandicapée, avec une bonne connaissance de la douleur et de la dépression, quelques passages m’ont paru pertinents (mais très minoritaires) tout en sachant que ce n’était pas écrit par une concernée. Le fait est que j’ai régulièrement eu le sentiment que la dame projette beaucoup de fantasmes pas très sains sur la souffrance physique, mentale, et leurs conséquences. Oui, parfois, certaines personnes refusent d’être aidées, et ne font rien pour s’aider elles-mêmes. C’est ce qu’elle veut transmettre (pourquoi ? C’est extrêmement réducteur).
Ce qui n’est pas le cas de Jude. J’ai eu envie de le secouer plein de fois, mais je l’ai aussi vu essayer plein de fois, se raccrocher par amour envers Willem, ou Harold.
Cependant, l’accumulation de malheurs devient grotesque, elle choisit de condamner son personnage sans appel. Il aurait été difficile de faire de Jude une personne totalement résilient, parce que parfois ce n’est juste pas possible, cependant ça ne veut pas dire qu’on est cassé pour de bon et pour toujours. J’ai commencé à chercher plus d’infos sur l’autrice en cours de lecture, car j étais de plus en plus mal à l’aise (aussi à cause de son traitement des personnages gays : drogue, violence et mort, et rien d’autres pour eux). Ses positions sont problématiques et son refus de se renseigner choquant, même si le livre a 10 ans. Une lecture en demi-teinte, j’aurais voulu adorer ce livre, mais ce n’est pas possible. J’en garde cependant les rares bulles de joie trouvées ici et là.
Merci pout ton avis Adèle ! C'est vraiment ça, j'ai aussi eu cette sensation tout le long d'une fascination assez malsaine pour la souffrance qui m'a vraiment dérangée (+ c'est vrai qu'elle a l'air de se regarder écrire, c'est pas les textes les plus agréables à lire ceux-là 😅). Je m'estime chanceuse, malgré mes multiples dépression j'ai toujours cru en la thérapie et ai toujours eu envie d'essayer encore et encore malgré les moments où j'étais trop épuisée à être au bord de vouloir baisser complètement les bras, mais ce n'est pas le cas de tout le monde et faire passer un tel message à être convaincue que ça ne sert à rien d'essayer et de continuer d'y croire un tout petit peu c'est vraiment dangereux. Je trouve que c'est juste hyper symptomatique du traitement global de notre société envers la santé mentale/le handicap/la souffrance. Que ça ne vaut pas le coup d'essayer et de l'encadrer, que ce soit de manière symbolique ou juste purement pratique via de meilleurs accès ou un environnement mieux construit.
Puis oui toute sa posture et sa presque fierté de ne pas s'être renseignée et d'avoir projeté ses croyances sur les personnages est choquante, le traitement de ses personnages gay est tellement catastrophique, c'est hyper problèmatique de voir qu'elle a l'air de vouloir tous les faire soit souffrir soit violer/être violés et que ça semble être complètement accepté comme étant sa propre norme... ça rentre complètement dans cet imaginaire affreux encore hyper implanté qu'homosexualité masculine = pédophilie.
Il faudra que je revienne exprimer mon point de vue de manière plus structurée mais au delà de l’autrice qui effectivement peut être remise en question par ses choix et prises de position, je trouve dommage de voir ce roman via tout un prisme aussi « militant « sur de nombreux points.
Je sais que son succès s’explique parce que l’écho qu’il a pu donner à bien des victimes de violences sexuelles. Au delà du sujet de la thérapie sur lequel on peut effectivement s’interroger, j’ai trouvé une vision humaine, avec tout ce qu’elle a de contradictoire et de paradoxal. Chaque victime est différente, les réactions peuvent être imprévisibles.
Est ce que j’aurais aimé un happy end ? Oui parce que je me suis attachée avec une telle force avec ces 4 amis, Harold, Andy que j’aurais aimé autre chose mais quelque part, il y a une forme de cohérence suite au rebondissement inattendu qui fait que l’espoir est perdu, pour Jude.
Au final, on ne peut pas rester indifférent à ce roman si fort. Il interroge, remue, met en colère et nos attentes ou réactions sont à la hauteur de ces 770 pages.
Hello Maud ! Merci pour ton avis c'est toujours intéressant sur ce type de lecture d'avoir un autre pan, je me doutais qu'en écrivant mon avis à propos d'un livre qui a autant aimé pourrait potentiellement heurter (entre gros guillemets hein évidemment, pas heurter dans le sens être super blessée) mais ce n'est même pas tant un prisme militant à mon sens (tout est politique donc en soit, que ce soit ce livre ou un autre il y aura forcément quelque chose qui relève de la vision de l'auteu·rice à l’intérieur, c'est juste que là ça l'est encore plus vu les thématiques traitées).
Mais disons que lorsque je vois un aussi mauvais traitement des sujets abordés — qui sont des sujets graves et qu'on ne peut pas utiliser à la légère sans au minimum se renseigner à leur sujet pour pouvoir bien écrire — et qui mène à un message aussi catastrophique passé tout au long du livre ça me fait forcément sauter au plafond 😅
Je trouve assez frappant la manière dont elle en parle dans ses interviews, elle le fait de manière hyper détachée, et si vraiment elle veut parler du vécu des victimes sur ce type de thématiques, j’aurais trouvé ça respectueux de sa part (et ce pour n'importe quel auteur·ice et pour n'importe quel sujet, c'est exactement à ça que servent les sensitivity readers) de se renseigner, d’être entourée par des personnes dont c’est le métier qui sont spécialisées en accompagnement post-traumatique pour faire en sorte que tout ait une certaine cohérence. Je trouve que ces 770 pages n'étaient pas nécessaires, j'en parle tout comme je parle des autres livres que j'ai pu lire ces derniers temps mais ce n'est pas une lecture qui m'aura marquée parce qu’il m'a donné la sensation de lire une autrice dont la torture et l’acharnement sur un personnage la font fantasmer. Il y aurait pu y avoir 50% de traumas en moins à l’intérieur et là le récit aurait eu un peu plus de cohérence et de poids, mais à ce stade à mes yeux c'est de la torture qui ne sert plus du tout aucun propos... En le lisant je me disais que ça me faisait penser aux romans dans lesquels on se coltine des scènes quasi pornographiques en boucle (dans leur traitement et dans le nombre de détails hyper explicites qui généralement ne servent souvent pas à grand chose 🫥) qui n'apportent en soit que rarement quelque chose au récit, ou certains livres de dark romance dans lesquelles des relations hyper abusives sont dépeintes sans que ça ne serve vraiment au récit et qui ne sont souvent jamais nommées comme étant abusives en les normalisant complètement. Au moment du dernier rebondissement avec Willem, la seule réaction que j’ai eue c’était juste « et allez évidemment 🙄 », c’était une énième goutte de trop dans un vase qui avait débordé depuis 500 pages 🫠
Après mon but ce n’est vraiment pas du tout de débattre pour savoir si oui ou non c’est un bon livre ou de convaincre/faire changer d’avis, à mes yeux ça n’en est pas un mais ça reste un avis super personnel, je sais que quand on a adoré un livre (ou une série, un film) on peut facilement se sentir trop impliquée pour le défendre à un point où ça devient presque viscéral mais j’ai pris le temps de lire plusieurs reviews positives à son sujet et à chaque fois tout ce qui était décrit c’était pile tout ce que je trouvais problématique donc je pense que c’est juste un livre qui fait avoir un avis très tranché d’un côté comme de l’autre, je trouve au moins important que même en l’ayant apprécié, tous les aspects problématiques dedans ne sont pas mis de côté ! :)