No. 20 Tout finit par passer, promis
Saison 2, épisode 7 - La newsletter qui pourrait être le flash-forward de celle publiée il y a tout pile un an
Hello ! Je suis Florence, illustratrice vivant à Montréal depuis 2018. Au quotidien j’aime aussi écrire et partager ce à quoi je pense : vous savez, toutes ces pensées qui tournent en boucle lorsque l’on s’endort ? Ici, c’est ça ! Je suis ravie de vous voir ici alors merci de partager ce moment avec moi ! Pour me soutenir vous pouvez vous abonner à ma newsletter et en choisissant un abonnement payant, vous contribuez directement à me soutenir et à faire perdurer cet espace d’écriture.
Pendant que j’écrivais cette newsletter j’ai notamment écouté…
Il y a tout pile un an, le 1er novembre 2023 je publiais cette newsletter ci-dessous. J’y parlais de ma dépression, de ce que je traversais et avais traversé et de toute la douleur dont j’avais besoin de parler pour vous raconter, faire comprendre et peut-être vous éclairer un peu plus sur quelque chose qui touche dans de personnes dans le monde. Je vous préviens tout de suite : cette nouvelle newsletter ne sera pas une répétition, au contraire !
Nous voilà donc un an plus tard, le 1er novembre 2024, et en un an tellement de choses ont changé que j’ai eu envie d’écrire un épisode 2, comme l’un de ces épisodes qui reviennent sur la vie des personnages quelques années plus tard pour nous apprendre ce qu’ils sont devenus depuis.
Depuis cette newsletter d’il y a un an, je vais bien mieux. Ce n’est pas venu d’un coup, c’est revenu progressivement, mais je vais mieux et j’espère que si des réalités parallèles existent, mon moi du passé l’entend soufflé à son oreille comme un chuchotement d’espoir. C’est drôle (pas tellement) mais en la relisant il y avait cette phrase dedans “qu’il faudrait que je trouve le moyen de ralentir un peu pour ne pas finir en burn-out” et force est de constater que je devais me douter de ce qui m’attendait puisqu’avant d’aller mieux, je l’ai atteint ce fameux burn out. J’en ai tiré quelques leçons bien sûr, qu’il me faut encore apprendre à appliquer le plus consciensieusement possible mais je m’en serais bien passée et si vous me lisez depuis suffisamment de temps alors vous me connaissez un peu. J’ai en horreur de faire des faiblesses des forces et de transformer des évènements de vie en des leçons qui pourraient être des livres ou des programmes de développement personnel.
Avec mon regard d’aujourd’hui, je constate que je suis tombée dans un écueil classique et terriblement insidieux : j’ai compensé mon mal-être par le travail et généralement, ça ne fait jamais très bon ménage. J’ai fini fin 2023 à bout de force en décembre et ai repris malgré moi le travail mi-février en m’auto-déclarant en arrêt maladie. C’était simple : j’étais physiquement rendue à un point où j’étais incapable de dessiner, tenir mon crayon me donnait la nausée et des vertiges et je n’arrivais plus à passer une seule journée sans avoir l’impression que j’allais tomber. J’avais été épuisée par la dépression et j’étais de nouveau épuisée par le burn-out. Chic ! Encore une médaille à ajouter à mon tableau.
Alors j’ai pris mon temps, je n’ai pas travaillé pendant presque 2 mois, c’est court pour s’en remettre il aurait fallu bien plus et si je n’avais eu aucun projet en cours je crois que j’aurais aimé que ça dure plus longtemps. Mais j’ai savouré ce temps libre, c’est à ce moment là que je me suis mise doucement à de nouvelles activités et que j’ai pavé le chemin pour me remettre à peindre et même apprendre de nouvelles techniques, sereine. Lorsque l’on travaille à notre compte on peut très facilement tomber dans l’écueil de la culpabilité : ne rien faire c’est ne pas gagner d’argent, la sécurité d’un salaire régulier est en dehors de l’équation et c’est parfois difficile d’admettre que ne rien faire est faire et que cela a parfois bien plus de valeur que de rafraichir en boucle une boîte mail désespérément silencieuse. J’avais très peur de m’ennuyer mais j’ai été surprise car en réalité, c’était super : je me suis reposée, je n’ai fait que des choses pour moi et mon propre plaisir et les journées ne me semblaient même pas longues. Je respirais.
Puis j’ai repris le travail petit à petit et j’ai compris qu’il allait falloir que je fasse des changements dans mon métier si je ne voulais pas que ça m’arrive de nouveau.
Début 2025 cela fera 9 ans que je travaille et que je suis à mon compte. En tant d’années à travailler pour moi j’ai appris plein de choses et il n’est jamais trop tard pour en apprendre de nouvelles. Ces dernières années et avec la crise économique post-pandémie étant passée par là, mon métier a été grandement impacté, c’est un sujet que j’aimerais aborder mais je ne sais pas encore trop sous quel angle. Les budgets sont de plus en plus faibles, les délais de plus en plus courts et la charge de travail elle, ne diminue toujours pas. Il y a un domaine en particulier qui est concerné. J’ai souvent travaillé avec des maisons d’édition sur des livres, jamais les miens mais ça n’a jamais vraiment été un objectif de ma part, alors c’était ceux d’autres personnes. J’ai toujours trouvé que j’étais vraiment mal payée pour la charge de travail que cela impliquait et que si les gens étaient au courant de combien les personnes sont payées pour les livres qu’ils achètent, peut-être que le regard sur le livre changerait un peu. Mais jusqu’à 2021 environ je prenais sur moi car mes revenus à côté suffisaient. C’est quand ça n’a plus été le cas que j’ai commencé à ouvrir les yeux et me dire qu’il valait mieux parfois ne rien gagner que gagner trop peu et en payer trop fort le prix. Cette année a donc marqué le point où je me suis dit que pour mon propre bien-être, ça n’avait plus aucun sens de continuer d’accepter de travailler pour si peu et que si ma dépression n’y avait pas été liée, le burn-out oui.
C’est un peu cliché mais je n’ai plus 20 ans et vous devez le savoir aussi bien que moi, lorsque l’on vieillit on remarque petit à petit toutes ces petites choses que l’on n’encaisse plus du tout de la même manière. Notre corps a besoin que l’on prenne soin de lui et notre esprit aussi. Il y a des signaux, tout petits parfois mais présents, qui nous disent que notre énergie n’est pas illimitée et que peut-être que notre vie est précieuse et a suffisamment de valeur pour en prendre soin du mieux qu’on peut. Alors en septembre, après un été qui m’a donné l’impression d’avoir été gâché par le travail et ma détresse que je pensais atténuée, j’ai intérieurement décidé qu’il fallait arrêter les frais et que les livres, c’était fini. En tout cas plus comme ça, plus sur des gros projets et que c’était une question de respect pour moi-même que de refuser, même lorsqu’un projet me semble chouette, si l’argent derrière ne correspond pas du tout à la charge de travail que cela implique. Qui accepterait à répétition de toucher l’équivalent d’un seul SMIC pour 8 mois de travail ?
Depuis, je me sens vraiment mieux et même si je sens que je peux très facilement remettre un pied du mauvais côté de la frontière, j’ai commencé entre temps à travailler sur un gros projet à la fois bien mieux payé et bien plus en adéquation avec ce que j’aime faire qui m’a permis d’avoir encore plus conscience que c’était devenu ridicule de me gâcher la santé de cette manière. Rien que ça m’aide à me sentir mille fois mieux. Mes journées se passent mieux, je suis un peu fatiguée mais uniquement parce qu’il y a des raisons valables derrière (comme poncer l’intégralité de notre plancher, par exemple — le résultat est superbe, ça valait le coup —) et j’ai l’impression après plusieurs années de noirceur de réussir à enfin un peu souffler.
J’aime me répéter que tout finit par passer et je pense que c’est quelque chose qu’il est primordial de garder en tête. Que ce soit professionnel, personnel, financier… ou tout ça à la fois, il y a plein de raisons pour lesquelles des périodes plus ou moins longues de vie peuvent ne pas être évidentes à appréhender et sembler être à la fois interminables et enfermées dans un cycle sans fin. Mais sans pour autant faire preuve d’un peu trop de naïveté en se disant que la vie est binaire et que tout s’arrange toujours de manière drastique à un moment donné, je suis tout de même convaincue que rien ne dure, ou en tout cas pas de manière aussi intense. Il n’y a pas vraiment de durée magique ni de solution miracle, mais le temps et le quotidien finisse toujours par être mêlé à l’évolution d’une situation.
Je ne crois pas à la manifestation (ce principe de souhaiter fort quelque chose et de croire que le simple fait de “manifester” nous fera atteindre un objectif de vie précis), à mes yeux c’est une énième manière de déplacer le problème et de faire reposer sur les épaules de l’individu ses propres problèmes en nous chuchotant à l’oreille que si notre vie n’est pas à la hauteur de ce que l’on aurait espéré c’est uniquement de notre faute (et non de la faute du capitalisme, des hommes, des multi-millionnaires, des gouvernements de droite et des politiques destructrices… complétez la liste). Et que c’est simplement dû au fait que l’on ne fait pas assez d’efforts pour, au choix : devenir riche, avoir une promotion, être multi-propriétaire, être heureux, réussir sa vie, aller sur Mars, changer l’eau en vin ou l’acier en or. Bien sûr que modifier un peu son regard sur sa propre vie ou une situation peut aider, au moins au niveau de son propre bien-être pour diminuer son stress en cas de situation compliquée, mais s’il suffisait de fermer les yeux, souffler une bougie et espérer qu’un souhait s’accomplisse, je crois bien que plein de personnes ne seraient plus ni à la rue, ni dans une situation de précarité renforcée et on ne serait pas à secouer la tête de désespoir à chaque nouveau procès sordide impliquant au hasard une femme et un (ou 51) agresseurs.
Pardon, je ne voulais pas casser l’ambiance ! Je reprends.
Il est toujours bien plus simple d’avoir de l’espoir lorsque l’on va mieux et que l’on a enfin réussi à trouver le premier barreau de l’échelle nous menant hors d’un puit mais je crois aussi que le lire fait du bien. Ce sont les témoignages qui déconstruisent les tabous et ouvrent la parole et même si cette expression semble à mes yeux parfois un peu galvaudée (depuis #MeToo, les paroles sont plus fortes et les femmes sont plus entendues mais sommes-nous réellement plus écoutées qu’auparavant ?), dans les faits, ça aide.
Je ne compte plus le nombre d’onglets ouverts, de recherches Google faites lorsque ça allait vraiment mal pour trouver le plus de témoignages possibles à la recherche de la plus petite miette d’espoir et me rassurer en lisant d’autres personnes dire “aujourd’hui, je vais mieux”.
Alors à mon tour et même si un “je vais mieux” n’est pas du tout gravé dans le marbre (un médecin vu ce matin pour tout autre chose évoquait le fait qu’à partir de trois épisodes dépressifs un traitement était envisagé comme nécessitant d’être pris à vie et les statistiques de rechutes à partir de ne serait-ce que deux épisodes explosent, je ne suis pas fataliste mais juste au courant de ce dans quoi je suis empêtrée.) j’aimerais donner un message d’espoir : tout finit par passer, au moins un peu, promis.
Prenez soin de vous ❤️
En ce moment, je regarde…
Grosse fan de séries Apple TV+ qui sont tout bonnement excellentes, la deuxième saison de Shrinking est en train de sortir et si vous n’avez jamais regardé je vous recommande chaudement la série. La série est créée par le créateur de Scrubs, Bill Lawrence ainsi que Jason Segel et Brett Goldstein (dans Ted Lasso), le casting est vraiment super (avec entre autre Jason Segel, Harrison Ford, Jessica Williams, Christa Miller et Brett Goldstein), et que dire du générique qui à lui seul mériterait un petit documentaire (je rêve d’une série documentaire abordant chacun des génériques des séries Apple TV+, ce sont des petits bonbons graphiques que j’aimerais regarder en boucle pour en scruter tous les petits détails, tout comme le générique de la série The Politician sur Netflix). La série parle de Jimmy Laird (interprété par Jason Segel), un thérapeute en deuil qui décide de faire fi de toutes les règles de déontologie et d’éthique de sa profession pour exercer et aider ses patients.
J’ai également regardé Loups-Garous sur Canal+, une version grandeur nature du jeu éponyme présentée par Fary et Panayotis Pascot et étalée sur plusieurs jours. Elle est en cours de diffusion et que dire si ce n’est que c’est excellent, particulièrement addictif et que c’est un vrai plaisir de voir de plus en plus d’émissions de ce type. Je disais récemment à Flavien, mon merveilleux compagnon de vie, “c’est vraiment cool de voir des émissions avec du budget avec des gens cool et à peu près de notre âge”, voilà c’était ma critique personnelle.
Dernièrement j’ai lu…
Le dernier livre de Dolly Alderton, Good Material. J’aurais dû commencer par le début et d’abord lire Everything I Know About Love (c’est prévu !) qui est dans ma liste de livres que je dois me procurer depuis sa sortie mais tandis que j’étais en train de faire un tour chez Destiil, ma librairie anglo préférée à Montréal, mes yeux ont été attirés par la couverture hyper colorée de Good Material et j’ai été faible, il a sauté dans mes mains. Vous connaissez ça vous aussi ? Je ne comprends jamais comment ça arrive, c’est fou ces livres vivants. Bref. Puisque c’est plutôt chez Sophie qu’il vous faudra donner votre confiance pour avoir des critiques dignes de ce nom (ici on est plutôt sur du très minimaliste “c’était super !”, c’est pas de ma faute juste j’ai la grande problématique d’être incapable de vous raconter le contenu d’un livre sitôt après l’avoir lu : j’oublie tout instantanément. Demandez-moi de vous donner les noms de tous les personnages dans Harry Potter et j’en serai incapable, ce n’est pas faute de les avoir lus et vus de multiples fois…), je dirais simplement que c’était un super livre. Non je plaisante : le livre suit Andy, un trentenaire et comédien qui sans l’avoir vu venir se fait larguer par sa copine après 4 ans de relation. Le livre parle de relations amoureuses, d’amitié, d’incompréhension et du désespoir vécu à travers une rupture amoureuse ainsi que des liens entre les hommes… et de leur manque de soutien émotionnel, le tout à travers le prisme d’Andy et d’une vie plutôt banale de comédien qui galère. J’ai vraiment beaucoup aimé son écriture et je vous recommande de lire au moins celui-ci à défaut de pouvoir vous parler du reste !
En vous écrivant, j’ai aussi écouté…
Et… Substack me dit (comme d’habitude) que ma newsletter est trop longue alors je n’ai plus le choix, je dois sauter à l’étape où je vous remercie de m’avoir lue et vous dis à très bientôt ! J’aimerais peut-être bien faire un épisode spécial Inktober plus vous donner un peu mon ressenti dessus (que je publierais en dehors de mon planning habituel potentiellement), ça vous dirait ?
J’ai à cœur de faire de ce Substack un espace de partage et de conversation et pour ça, j’aimerais beaucoup lire vos pensées alors n’hésitez pas à réagir via l’espace de commentaires ci-dessous !
Je me rappelle avoir lu la lettre d’avant alors que je m’extirpais moi-même péniblement d’une dépression et je suis contente de lire aujourd’hui celle-ci qui fit écho. On a du mal à y croire quand tout va mal mais oui un moment vient ou on se sent mieux et où on peut se dire « c’est passé ».
Merci ! ☺️
Ça me parle beaucoup en tant qu'auteur/lectrice. Je sors petit à petit de ma naïveté sur le milieu du livre.
J'avais tendance à opposer les maisons d'édition qui ne répondent pas à tous les auteurs qui leurs envoient des manuscrits versus celles qui répondent à tous, avec des explications et des conseils.
Dis comme ça c'est facile de juger en mode noir et blanc. En creusant la question celles qui ne répondent pas à tous rémunèrent des personnes pour lire et faire des retours. Et celles qui répondent ont des comités de lecture de bénévoles, métier de l'ombre.
Dans cet univers il me semble d'autant plus important de savoir se protéger, avoir des limites ...
Merci encore ! Au plaisir de te lire.