No. 18 S'encourager à dénicher le beau, même là où vous ne pensez pas le trouver
Saison 2, épisode 6 - Je vous raconte mon amour de regarder le beau autour de soi et liste tout ce que j'ai collectionné ces dernières semaines + mon prochain séjour en France
Hello ! Je suis Florence, illustratrice et photographe vivant à Montréal depuis 2018. Au quotidien j’aime aussi écrire et partager ce à quoi je pense : vous savez, toutes ces pensées qui tournent en boucle lorsque l’on s’endort ? Ici, c’est ça ! Je suis ravie de vous voir ici alors merci de partager ce moment avec moi ! Pour me soutenir vous pouvez vous abonner à ma newsletter et en choisissant un abonnement payant, vous contribuez directement à me soutenir et à faire perdurer cet espace d’écriture.
Pendant que j’écrivais cette newsletter j’ai notamment écouté… (évidemment)
Je crois que l’on ne rend pas assez beau le beau. Qu’on ne s’émerveille pas assez des petites choses du quotidien, des perles de rosée qui se créent le matin, de la lumière qui joue avec le feuillage, du soleil qui change à toutes les saisons et qui éclairent la vie d’une manière complètement différente à chaque fois.
Lundi 8 avril dernier j’ai vu une éclipse totale. C’est un évènement que j’attendais avec impatience mais je n’avais pas conscience d’à quel point il allait me marquer : je me souviens bien de celle en France en 1999 : j’étais dans l’année de mes 7 ans, je vivais dans les Alpes et dans cette région elle n’était que partielle (et je sais maintenant à quel point la nuance est incroyablement importante) mais pourtant je me souviens déjà de ce jour un peu bleuté, des ombres et du froid. J’ai grandi dans un petit village où à l’école on nous apprenait à regarder autour de nous. À observer et à comprendre comment les flocons de neige pouvaient être aussi beaux observés à la loupe, à apprendre et reconnaître les fleurs, les essences d’arbre et le cycle de l’eau, à distinguer les nuages, les grands et impressionnants des plus fins et diffus. On nous faisait regarder autour de nous en nous montrant à quel point c’était important. Maintenant que je suis adulte je me rends compte à quel point c’était une chance inouïe de grandir dans un environnement où la nature était aussi présente et préservée. Que la nature était belle et qu’il fallait à tout prix la protéger. Et que pour protéger quelque chose il faut le connaître parce que la connaissance chasse la peur ou l’incompréhension et rend toutes les nuances de la vie plus belles, presque magiques.
Dans mon village il y avait un Monsieur Astronomie. Vous avez peut-être ces personnes aussi en tête : elles vous ont marqué sans que vous ne le sachiez à l’instant T, ce sont souvent des personnes un peu âgées et tranquilles pour qui la vie est une possibilité de partager et de savourer. Elles ont une aura toute particulière que l’on n’arrive pas vraiment à décrire mais qui les caractérise tant. Récemment en regardant sur internet et en tombant sur un article du Dauphiné Libéré j’ai appris qu’il était décédé il y a quelques années, 6 ans exactement. Ça m’a rendue un peu triste et en même temps, je sais bien que les gens aussi spéciaux soient-ils ne sont pas éternels et partiront un jour. C’était quelqu’un que j’adorais enfant, il était si gentil, passionnant et cultivé qu’il me fascinait. C’était quelqu’un de tellement spécial qu’une salle de la mairie de mon village semble désormais porter son nom. On donne toujours aux salles les noms de personnes importantes et ce petit monsieur qui lorsque j’étais petite m’a toujours semblé être un vieux monsieur l’était, important. Il jouait de l’orgue, il connaissait tout sur tout et j’entends encore sa voix : il avait une voix vraiment spéciale, un peu rauque et douce, de ces timbres que l’on reconnait entre mille, la voix de quelqu’un d’une infinie sagesse et soif de connaissances qui a mille et une choses à apprendre et à transmettre. Enfant, j’accompagnais toujours mon père lorsqu’il allait l’aider installer son téléscope et regarder l’infini du ciel, je suis certaine que si mes parents n’avaient pas déménagé mon père aurait pris sa relève et qu’il serait devenu à son tour le Monsieur Astronomie du village avec son télescope à lui. C’est tout ces petits moments à regarder le beau qui ont modelé peu à peu mon regard et qui de la même manière que l’on apprend à marcher m’ont appris à regarder. Pas juste voir mais scruter, observer, remarquer les nuances, les changements et toutes les particularités autour de soi. Ça a fait en sorte j’en suis certaine de ne jamais me lasser et de m’avoir appris que l’ordinaire est aussi magique que l’extraordinaire. Que l’extraordinaire est partout, pour peu qu’on le choisisse et qu’on apprenne à affiner son regard en observant le banal d’une manière différente. Je crois que ma santé mentale pas dingue (pour ne pas dire désastreuse) m’a aussi poussée à compenser en m’efforçant de trouver le beau partout dès que je le peux. Je ne dirai pas que c’est une chance mais j’en tire au moins ça, ce n’est sans doute pas si mal. Comme un écureuil qui stocke des noix pour les journées plus froides, je collectionne les petits bouts d’images de vie pour en faire des murs lors de mes journées noires.
Tout le monde n’a pas les moyens de faire le tour du monde ou le souhait de le faire : pour des raisons économiques et/ou environnementales ce n’est pas quelque chose à la portée de tout le monde ni même quelque chose qui à mon sens devrait être encouragé. (Et je dis ça en vivant dans un coin du monde qui n’a que comme seule option de prendre un avion pour regagner un autre coin alors je vous assure que la culpabilité est bien logée dans un creux de ma tête) Pourtant des images de lieux incroyables on en consomme sans arrêt : sur Instagram, dans des reportages à la télé, sur Youtube dans des vlogs ou bien à travers des films, ces endroits on a l’impression de les connaître sans les connaître, de les avoir déjà vus sans les avoir vus. Ça m’a fait cet effet et je sais que c’est une sensation commune lorsque l’on va pour la première fois à New York : c’est comme si toutes les rues, les grandes avenues, l’effervescence de Time Square, les buildings dépassant les nuages de Financial District, les grandes allées silencieuses de Central Park, la Statue de la Liberté qui se dessine dans le bleu de l’atmosphère au dessus de l’eau… tous ces lieux lorsqu’on les voit pour la première fois en vrai sont comme si on y avait déjà été mais que cette fois, les odeurs et les sons s’ajoutent aux images et nous enveloppent pour de vrai. Ce coin de rue dans Friends, ces quelques marches chez Carrie Bradshaw, le New York Stock Exchange, les mythiques marches du MET sur lesquelles on se verrait presque attendre, un serre tête de satin dans les cheveux et un sac trois fois trop cher à notre bras, la dame aux pigeons de Central Park ou la Trump Tower, tout a déjà été vu quelque part sur un petit écran. Pourtant est-ce vraiment nécessaire d’aller voir l’inconnu pour voir du beau lorsque l’on peut aussi réapprendre à regarder la vie autour de soi un peu plus spéciale ? Ce n’est pas toujours si facile mais en thérapie il y a un exercice fait parfois qui sert pour se réancrer, cet exercice d’ancrage est utilisé pour plein de raisons (il sert à diminuer votre niveau de stress, à abaisser votre rythme cardiaque, à encourager une meilleure concentration…) mais le principe est toujours le même : ramener son esprit dans son corps et se reconnecter au moment présent en prenant conscience de son propre corps et de ce qu’il y a autour de soi. Au delà de son aspect bénéfique pour le corps et l’esprit, ici je vais vous le proposer comme un exercice pour vous inciter à voir différemment autour de vous et apprendre à déceler le beau ou au moins remarquer ce que vous n’auriez peut-être pas vu autour de vous en temps normal.
L’un des exercices souvent proposés pour cette technique est l’exercice dit du 5-4-3-2-1 utilisé pour gérer des situations de stress et/ou d’anxiété aigüe.
Le principe de cet exercice est de vous faire nommer…
5 choses que vous voyez
4 choses que vous ressentez
3 choses que vous entendez
2 choses que vous sentez
1 chose que vous pouvez goûter
Sans l’appliquer à la lettre, je vous propose que l’on s’en inspire un peu. Je suis de celles qui ont toujours le nez en l’air à repérer les plus petits détails : ce chat posté à une fenêtre du troisième, ce chien beau et fier qui observe la rue la truffe passée sous le voilage d’un rideau, ce Cardinal rouge perché dans un arbre à demi caché par le feuillage, cet écureuil qui court sur un câble électrique, un croissant bien fermement tenu entre ses dents ou bien ce bout de lumière qui illumine d’une manière particulière un bâtiment… et si c’est une habitude depuis petite je pense aussi que c’est quelque chose que l’on peut apprendre même lorsque l’on est désormais adulte. Alors à la manière de cette technique d’ancrage, transformons votre regard en un jeu pour vous apprendre et intégrer doucement à votre quotidien l’Art de regarder autour de vous et de remarquer. Donnez-vous comme jeu de trouver 10 objets/détails rouges pendant votre journée, comptez tous les chapeaux croisés dans la rue, listez toutes les espèces différentes d’oiseaux que vous pourrez apercevoir en une journée, essayez de voir le plus de chats possible pendant une semaine, remarquez toutes les nuances de vert présentes face à vous... C’est comme ce que l’on dit à propos des papillons : c’est lorsque l’on y fait attention que l’on se rend compte qu’en fait des papillons, il y en a partout lorsque la saison vient. Et le beau, il est partout, même dans des lieux qui de prime abord vous semble assez disgracieux : je vous assure que même dans une déchetterie il est possible de voir de jolis détails en changeant un peu son regard et en concentrant son attention sur les textures plutôt que sur une vision globale.
Lorsque j’ai déménagé de Rennes en France pour venir vivre à Montréal il y a maintenant bientôt 6 ans, sans le prendre comme un au revoir j’ai passé plusieurs jours à marcher dans tous les lieux que j’aimais en ville : mon appareil photo à la main j’ai observé avec un nouveau regard toutes les rues que j'avais appris à connaître pendant 7 ans et que je n’allais plus parcourir. J’ai eu l’impression de redécouvrir la ville : je regardais en l’air, je remarquais certains détails, j’ai réservé des visites guidées pour découvrir ses petites cours cachées, je suis enfin allée visiter le Parlement de Bretagne alors même que je le voyais tous les jours et pendant un moment j’ai parcouru ses rues d’une manière différente en m’incitant à revoir ce que je pensais connaître d’un oeil neuf. Est-ce que la ville avait changé ? Non. Mais en m’incitant à la regarder une énième fois avec un but différent elle semblait soudainement plus brillante, je la revoyais avec un oeil qui lui apposait des souvenirs, une vision nouvelle et un vécu différent de la toute jeune étudiante que j’étais lorsque j’y ai mis les pieds pour la première fois. C’est un peu comme ces casseroles de cuivre qui se ternissent avec les années : elles ne fonctionnent pas moins bien mais ont besoin de tant à autre d’un peu de temps passé pour leur redonner de l’éclat et se rappeler qu’elles sont toujours aussi chouettes mais qu’entre temps elles ont connu des centaines et des centaines de recettes.
Toutes les belles choses remarquées dans mon quotidien ces dernières semaines
La vision incroyable de l’éclipse totale le 8 avril dernier, je crois que c’est la plus belle chose que j’ai vue de ma vie;
Le vert doux des bourgeons qui commencent à vraiment arriver de plus en plus dans les rues de Montréal;
Des petits fanions colorés en tissu accrochés dans un arbre près d’une boutique pour enfants que je trouve adorable à Montréal;
La couleur de ce ruban en velours bleu profond magnifique que j’ai acheté pour nous faire des rubans pour les cheveux pour mon amie Vickie et moi ;
Les perles brillantes des friendships bracelets que je confectionne depuis quelques semaines;
Le nouvel album (double) de Taylor Swift ÉVIDEMMENT, quelle merveille de bout en bout;
Le Lilas devant chez nous qui pousse de plus en plus : on commence à apercevoir ses tout petits bourgeons et j’ai l’impression que cette année il sera bien violet contrairement à son blanc de l’an passé (je croise fort les doigts pour que je ne manque pas sa floraison cette année !);
La lumière qui reste de plus en plus tard au fil des jours;
Toutes les bellescouleurs de mes vêtements d’été que j’ai bien rangés et qui sont si beaux lorsque j’ouvre les portes de mon placard;
Le point final mis à ma toute dernière peinture et le plaisir de voir quelque chose que l’on a dans la tête peu à peu prendre forme !
On est le 1er mai et ça veut dire que dans un peu moins de deux semaines je serai en France ! Ce n’était pas prévu initialement puisque j’y suis déjà allée au printemps dernier et que l’on évite d’y aller tous les ans (parce que ça donne l’impression de “gâcher un voyage pour rien”) mais concert de Taylor Swift oblige, nos plans l’été dernier ont été contrecarrés pour finalement y aller une deuxième année d’affilée. Je suis toujours un peu stressée lorsque l’on voyage : avec les années j’ai une petite note dans mon téléphone qui m’aide à faire rapidement ma valise (j’apprécie énormément de ne voyager qu’avec ma petite valise cabine et mon sac à dos, il faut vraiment optimiser ce n’est pas toujours évident mais c’est tellement agréable de ne pas devoir se trimballer une grosse valise !), mais au delà de ça c’est de la préparation, de l’argent et j’admets que mon chien et mes chats me manquent toujours beaucoup lorsque l’on les laisse. Cette année on ne passe pas du tout par Paris pour cette fois plutôt atterrir à Lyon et aller dans le Vercors chez mes parents avant de finalement retourner rapidement à Lyon (pour le concert toujours, ma date c’est le 3 juin ! 🎉) et faire une petite boucle jusqu’à Toulouse puis l’aéroport de Nantes (pas le moindre passage par Paris vous voyez !)
Je ne sais pas si j’aurai le temps de travailler sur ma newsletter de juin parce que je vais peut-être un peu travailler depuis chez mes parents (si j’y arrive, mon taux de concentration est toujours catastrophique dès que je ne suis pas dans mes conditions de travail habituelles) mais si c’est le cas, j’ai un sujet en tête fortement lié à mon séjour en France que j’écrirai pendant ou à mon retour mi-juin (pile à temps pour les Francofolies de Montréal, tellement contente de ne pas en rater la moindre miette !). Mon projet de newsletter pour vous parler des bases à connaître sur la peinture à l’huile est toujours en cours et même plus puisque j’ai un ebook sur le feu qui sera partagé en même temps ! J’ai dû y mettre pause malgré moi pour cause de deadline d’un projet client qui a été avancée à bien plus tôt que ce que j’avais en tête alors mes priorités ont changé mais c’est en bonne voie, je suis hyper contente de ce que j’ai déjà fait et vous tiendrai au courant dans tous les cas !
Je vous dis donc à très vite, prenez bien soin de vous et n’oubliez pas d’ouvrir grand les yeux 💛
En vous écrivant, j’ai aussi écouté…
J’ai à cœur de faire de ce Substack un espace de partage et de conversation et pour ça, j’aimerais beaucoup lire vos pensées alors n’hésitez pas à réagir via l’espace de commentaires ci-dessous !
Merci Florence pour cette superbe édition. Depuis que ma fille est née il y a neuf mois, il n’y a pas une semaine où je ne me dis pas qu’elle a une chance incroyable de découvrir tout ce qui l’entoure pour la première fois. Et ça m’aide à changer mon regard et à partir à la « chasse au beau » dans ce qui m’entoure.
Sinon, ton monsieur astronomie est un vrai personnage de roman, j’aurais adoré le rencontrer.
Merci pour cette excellente newsletter 👌🏽 Je me souviens très bien de cette éclipse de 1999. À cette époque, je vivais dans les Ardennes. Je ressens encore le froid qu’il y a eu durant ces quelques instants sans soleil. Quoi qu’il en soit, bon préparatifs pour ton voyage 🧳